Photovoltaïque : "atteindre les taux de rentabilité des projets allemands"

Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Antoine Nogier a démarré sa carrière au sein du groupe Tenesol puis a fondé la société Sun'R, producteur indépendant d'électricité photovoltaïque, qu'il dirige actuellement. Il a aussi été expert énergies renouvelables des programmes cadres de recherche et développement européens et a fondé l'Observatoire de l'Innovation dans l'Energie. Durant l'été, sur LeMoniteur.fr, retrouvez son analyse du photovoltaïque en France.

L'Allemagne, accepte aujourd'hui des rentabilités inférieures, de l'ordre de 8 à 12% par an sur fonds propres, soit des taux de rentabilité des projets situés entre 6 et 8%.

Cette différence s'explique par deux phénomènes :

1. le secteur photovoltaïque est largement plus mature et connaît mieux ses risques et ses coûts ;

2. les procédures d'autorisations et la réglementation sont largement plus simples :

  • guichet unique en matière d'autorisations,
  • raccordement immédiat maîtrisé par le producteur d'électricité,
  • absence de dommage ouvrage, absence d'assurance décennale, absence d'obligation d'homologation des matériaux du bâtiment par un organisme de type CSTB.

La diminution des exigences de rentabilité des installations françaises passera par les mêmes critères. S'il semble hors de question d'alléger les procédures d'assurance et d'homologation relatives au secteur de la construction et du bâtiment, la simplification des systèmes d'autorisation et de raccordement est certainement un des éléments clés pour la France.

La maturité prend nécessairement du temps, mais peut s'accélérer par la professionnalisation des installateurs et des producteurs d'électricité.

Enfin, l'un des facteurs nouveaux d'incertitude ou de risque provient de la nouvelle formule d'indexation des tarifs (à 20% de l'inflation) qui a d'ores et déjà exclu du domaine de l'intégration au bâti bon nombre d'investisseurs. En effet, comme il a été évoqué précédemment, cette incertitude fait peser un risque d'illiquidité accru sur les centrales intégrées au bâti (pour lesquelles les charges d'exploitation sont de 20% du chiffre d'affaire de vente d'électricité), les centrales au sol étant touchées à un moindre niveau (les charges sont de l'ordre de 12 à 15% du chiffre d'affaire ce qui fait que la rentabilité des centrales au sol augmente un peu avec l'inflation).

Au-delà, le gouvernement doit donner le signal des rentabilités « normales » du secteur photovoltaïque en fixant l'objectif de rentabilité des centrales photovoltaïques. C'est assurément le meilleur moyen pour que l'ensemble des investisseurs, institutionnels ou non, puissent s'y préparer et adapter leurs façons de travailler à cet objectif.

Qu'on ne s'y trompe pas cependant : si les risques associés ne sont pas réduits, en particulier les difficultés de connexion, aucune réduction des attentes de rentabilité ne pourra s'effectuer dans la profession.

Réduire les risques et fixer des objectifs de rentabilité du secteur permet, toutes choses égales par ailleurs, de diminuer plus rapidement les tarifs et l'engagement de la CSPE.

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