Quel meilleur endroit pour organiser les rencontres régionales de la construction en paille ? Elles se sont tenues les 9 et 10 novembre dans le premier bâtiment public de la région Nouvelle-Aquitaine réalisé avec cet isolant : l'internat du lycée agricole Xavier-Bernard, à Rouillé (Vienne), livré cet été. Avec ses murs en bois et son isolant en paille associés à des cloisons de briques en terre crue, ce démonstrateur permet à la région Nouvelle-Aquitaine de promouvoir cette filière, qu'elle travaille à structurer depuis juin dernier. Pour ce faire, la collectivité s'appuie sur le cluster Eco-habitat, CREAHd, le réseau régional de la construction paille et l'association Alteramazones. « Nous avons un plan d'actions de vingt-quatre mois pour structurer la filière afin qu'elle devienne pérenne et indépendante », précise Nicolas Rabuel, chargé de projet au sein du cluster Eco-habitat. Communication auprès des maîtres d'ouvrage, état des lieux des constructions et des professionnels mettant en œuvre, création de formations « Pro-Paille » et identification des fournisseurs font partie des principales mesures de ce plan.
Matériau écologique et performant.
Une démarche indispensable aux yeux de l'agence bordelaise Dauphins Architecture, maître d'œuvre de l'internat de Rouillé et spécialiste de l'utilisation de matériaux biosourcés. L'isolant paille ne manque pas d'atouts : il est facile à utiliser, sa fibre piège l'air, son déphasage thermique (capacité à ralentir la pénétration de la chaleur) est important sans oublier qu'il s'agit d'un déchet de production.
Selon le diagnostic établi par Amoès, dans le cadre du programme Objectifs bâtiments énergie carbone (Obec), l'internat est labellisé E4 C2 avec une RT 2012 - 85 %. « La paille est le matériau le plus performant », affirme Virginie Thomas, chargée de mission filière BTP à la région. Et contrairement aux isolants courants, elle reste intacte sur la durée. « A ce jour, on ne fait pas mieux que la maison bois-terre-paille en termes de confort », estime Nicolas Rabuel. Les architectes ont associé à cette combinaison un chauffage raccordé à la chaufferie bois centrale, un puits climatique, un récupérateur d'eau de pluie (fournissant 50 % de la consommation de l'internat) et un récupérateur de chaleur de l'eau des douches, utilisée pour préchauffer celle des sanitaires.
Une première étape.
« Nous continuons à lever des freins psychologiques, estime Gauthier Claramunt, cogérant de Dauphins Architecture. Et c'est de plus en plus facile. » Depuis la livraison à Bègles (Gironde), en 2016, de l'immeuble la Ruche porté par le promoteur Axanis et une coopérative d'habitants, l'agence multiplie projets et réalisations : internat en Dordogne, école à Angoulême (Charente), logements à Ambarès et collège à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde)… Une première étape semble franchie, qui débouchera peut-être sur l'utilisation de la paille porteuse dans les constructions. Une expérimentation déjà menée pour la réalisation d'établissements scolaires à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). De son côté, la région poursuit son travail autour des matériaux biosourcés et planche actuellement sur le potentiel du chanvre.