Pas de "perte de chance de remporter un marché" pour l’auteur d’une offre irrégulière !

 

Le candidat évincé d’un marché public ne peut pas être indemnisé de la perte d’une chance sérieuse de contracter si son offre était irrégulière. Et ce, même si l’offre retenue était tout aussi irrégulière ! C’est ce qu’affirme le Conseil d’Etat dans un récent arrêt.

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Conseil d'Etat

Le Conseil d’Etat avait déjà jugé, en 2012, que l’attribution d’un marché à une entreprise malgré l’irrégularité de son offre ne pouvait être contestée par un concurrent que si l’offre de ce dernier était, elle-même, susceptible d’être retenue (CE, 11 avril 2012, n° 354652). Il réitère ici fermement sa position, dans le cadre, cette fois, d’une action visant à obtenir une indemnisation pour la perte sérieuse d’une chance de remporter le marché (CE, 8 octobre 2014, n° 370990).

Le litige opposait un syndicat intercommunal au groupement d’entreprises évincé d’un concours lancé pour un marché de maîtrise d’œuvre relatif à la construction d’un centre sportif et de loisirs. Invoquant la perte d’une chance sérieuse de remporter le contrat, le groupement évincé a obtenu gain de cause en appel avec la réparation du préjudice subi par chacune des sociétés membres. Le syndicat intercommunal porte l’affaire devant le Conseil d’Etat, en s’appuyant sur l’irrégularité – avérée – de l’offre déposée par le groupement.

L’offre irrégulière n’a pas été régularisée

La haute juridiction rappelle que le « seul fait » d’avoir remis une offre irrégulière empêche un candidat d’être « regardé comme ayant été privé d'une chance sérieuse d'obtenir le marché ». A contrario, seuls les candidats ayant présenté une offre régulière – mais aussi, aux termes de la jurisprudence de 2012, appropriée et acceptable1 - peuvent donc invoquer la perte de chance.

La cour administrative d’appel a donc eu tort, estime le Conseil d’Etat, de retenir la perte de chance au double motif que l'offre retenue pour le marché était, elle aussi, irrégulière, et que le requérant « aurait  été susceptible, à l'instar du candidat effectivement retenu, de modifier son projet, [et ainsi de remédier aux difficultés posées en terme d'implantation ] ».

Pour consulter l’arrêt du Conseil d’Etat du 8 octobre 2014 n° 370990, cliquez ici

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