« Aujourd’hui, nous sommes en train de mettre en place une gouvernance et une organisation pour accueillir le développement d’intelligences artificielles au sein du Groupe », explique Fabien Darchis, directeur des services opérationnels chez Eiffage Construction. Néanmoins, le groupe n’a pas attendu, au vu du potentiel de cette technologie, pour commencer à développer de premiers cas d’usage.
Accidentologie et calcul carbone
La major a d’abord jeté son dévolu sur l’analyse des risques accidentologiques. « Nous avons relevé des correspondances entre différents facteurs, comme la météo, les pointages, la typologie d’un projet, l’avancement du chantier, et le taux d’accidents », poursuit Fabien Darchis.
Jusqu’ici, rien de révolutionnaire, mais avec l’IA, « nous pouvons avoir des yeux sur toutes ces données en même temps, et détecter des situations sur un chantier potentiellement accidentogène », détaille le directeur des services opérationnels. Pour ce faire, un logiciel, actuellement en phase de test, sera déployé au premier trimestre 2024 et permettra notamment de renforcer les contrôles de sécurité sur des chantiers spécifiques.
« L’autre cas d’usage concerne l’analyse de nos émissions de CO2 en scope 1 et 2, grâce à une IA connectée à notre ERP finance qui analyse nos factures de gaz et d’électricité chantier par chantier », ajoute Fabien Darchis. Ce logiciel, qui sera opérationnel d’ici mai 2024, permettra à Eiffage d’avoir une analyse fine de ses consommations d’énergie. « Eiffage Route a, par exemple, positionné des capteurs dans ses usines d’enrobées, ce qui a permis de mieux piloter les centrales et économiser 7 % d’électricité et de gaz en un an », souligne le directeur.
Des axes de développement définis
Ce genre de résultats concrets poussent Eiffage à envisager de nouveaux développements à court terme. A commencer « par la veille réglementaire : nous pourrions plugger une IA sur les bases de données afin d’être au fait de tous les derniers documents techniques unifiés, etc. », envisage Fabien Darchis.
Mais c’est sur un autre segment que le développement de l’IA paraît le plus prometteur chez Eiffage : La capitalisation de la connaissance. « Nos équipes résolvent des problèmes sur les chantiers tous les jours, consignés dans des Rex (retours d’expérience). Seulement, nous avons du mal à utiliser ces données ». C’est ici que l’IA entrerait en jeu. « Lorsqu’un chef de chantier identifiera un problème, il pourra demander à une IA si d’autres collaborateurs du Groupe ont rencontré le même, explique Fabien Darchis. Le logiciel pourra alors analyser tous les Rex et le mettre en relation avec la ou les personnes qui ont déjà résolu ce type de problématique sur un chantier. »
D’autres pistes de développement de l’intelligence artificielle s’esquissent, notamment pour calculer le scope 3 du groupe ou l’analyse des données de sécurité des chantiers. « Mais l’IA est avant tout un enjeu humain : nous allons devoir vulgariser cette technologie, en mettant par exemple en place des formations, et faire remonter les cas d’usage développés en interne », conclut Fabien Darchis.