Il ne reste que quelques détails à régler par les ministères du Logement et de l’Industrie avant la publication de la réglementation thermique RT 2005. Applicable aux bâtiments dont le permis de construire sera déposé à partir du 1er septembre 2006, elle fera l’objet d’un décret et d’un arrêté d’application. Le CSTB a été chargé par les pouvoirs publics d’élaborer la méthode de calcul Th C-E qui sera publiée dans le Bulletin officiel du ministère en charge du logement. Le moteur de calcul a été diffusé en février sous forme de « licence logiciel libre » aux éditeurs de logiciels de calcul thermique qui devraient sortir avant l’été des logiciels à destination des bureaux d’études thermiques.
La version 2005 reste dans la continuité de la RT 2000 : le projet de construction est comparé à un projet de référence et, pour éviter les dérives, des exigences minimales – les garde-fous – doivent être respectées.
Parmi les évolutions majeures, à noter que les consommations s’exprimeront désormais en kWh d’énergie primaire par m2 de Shon (surface hors œuvre nette) et non plus en kWhep, afin de faciliter les comparaisons entre bâtiments. Un moyen aussi de rapprocher la RT 2005 et le prochain affichage des consommations.
Aux consommations prises en compte par la RT 2000 (chauffage, ventilation, eau chaude sanitaire et éclairage dans le tertiaire) s’ajoutent dans la RT 2005 celles de refroidissement et d’éclairage pour tous les bâtiments. Et, pour mieux prendre en compte le confort d’été, les zones climatiques sont redéfinies et leur nombre passe de trois à huit.
Autre nouveauté, la mise en place d’une limite maximale de consommation (en kWhep/m2.an). Cette mesure ne concerne dans un premier temps que les logements, mais le tertiaire devrait suivre. Cette limite sera définie en fonction de la typologie du bâtiment, des zones climatiques et de l’énergie de chauffage.
Le renforcement des exigences sur le bâti vise en priorité le traitement des ponts thermiques avec pour objectif d’améliorer les performances d’environ 20 % par rapport à la RT 2000, l’augmentation moyenne des exigences d’isolation des parois étant de 10 %.
Des techniques encore peu répandues en France comme l’isolation par l’extérieur ou répartie (monomur) devraient être encouragées par ces exigences, de même que les rupteurs de ponts thermiques. Du côté des équipements, l’accent est mis notamment sur la réduction des déperditions de ventilation. Pour le chauffage, la chaudière basse température devient la chaudière de référence, de même que les panneaux rayonnants en chauffage électrique.
Encore une évolution, la RT 2005 tient compte, désormais, des consommations liées au refroidissement des locaux qui se répartissent en deux catégories : CE1 et CE2. La première regroupe tous les locaux ne nécessitant pas de climatisation. Le projet de référence n’inclut donc pas de consommation de refroidissement dans ses calculs. En revanche, pour la seconde catégorie de locaux – des bâtiments situés dans une zone climatique chaude et exposés au bruit, donc difficiles à refroidir en ouvrant les baies la nuit – la consommation de référence intègre celle liée au refroidissement. Enfin, la RT 2005 valorise la conception bioclimatique. Elle prend en compte l’inertie réelle du bâtiment et s’intéresse à son orientation. Par exemple, pour favoriser les apports solaires gratuits en hiver, la maison individuelle de référence aura 40 % des baies vitrées exposées au sud. Et, pour éviter la surchauffe en été, la protection des baies doit être prévue.
Réductions d’énergie pourl’eau chaude sanitaire. La RT 2005 encourage le recours aux énergies renouvelables en les introduisant en référence. C’est le cas du solaire thermique qui est prévu comme solution de référence pour la production d’eau chaude sanitaire. La RT 2005 demande, en effet, par rapport à la RT 2000, une réduction des consommations d’énergie pour l’eau chaude sanitaire de 20 % dans une maison individuelle et de 10 % dans un immeuble collectif chauffé à l’électricité. Un moyen d’inciter à l’usage d’énergies « gratuites » qui complètent les énergies traditionnelles comptabilisées dans la consommation. Ainsi la maison individuelle de référence se trouve-t-elle équipée de 2 m2 de capteurs solaires thermiques et l’immeuble collectif électrique de 1 m2 de capteurs par appartement. Les chaudières bois et les pompes à chaleur sont aussi mieux prises en compte.
Une synthèse d’étude thermique standardisée pourra être exigée auprès du maître d’ouvrage par les pouvoirs publics après l’achèvement des travaux. Elle servira à prouver la conformité de la construction à la réglementation thermique en vigueur. L’absence d’attestation pourrait être sanctionnée via un dispositif réglementaire qui reste encore à définir.
