Niché au fond d'une impasse à proximité de la dalle Beaugrenelle, au 27 rue de l'Ingénieur-Robert-Keller dans le XVe arrondissement parisien, un parking aérien de huit niveaux datant des années 1970 va muter en un lumineux cocon pour étudiants à l'initiative du promoteur Apsys. Pour un montant de travaux de 20 M€ HT et moyennant une intervention mesurée (conservation d'environ 72 % des structures existantes), ce cube de béton abritera un établissement d'enseignement supérieur « de nouvelle génération » d'environ 6 000 m2 pouvant accueillir 1 320 étudiants. Il intégrera en sous-sol une salle de sport de 900 m2 ouverte aux habitants du quartier.
« Ce projet constitue le parfait démonstrateur de l'approche que nous revendiquons, explique François Agache, directeur général développement et opérations chez Apsys. Il repose sur un profond respect du déjà-là, associé à une transformation frugale et à une grande inventivité pour imaginer la nouvelle vie d'un bâtiment à l'usage déclinant. Compte tenu des attentes locales, du potentiel de la structure et d'un environnement propice, nous avons rapidement opté pour cette destination pédagogique avec l'ambition de proposer un cadre unique aux futurs étudiants. »
« Comprendre le bâtiment ». Pour conduire ce projet, Apsys a sollicité Canal Architecture, une agence qui s'est très tôt frottée à la reconversion de bâtiments industriels ou patrimoniaux. Sans attendre l'émergence des problématiques climatiques, les architectes avaient déjà orchestré d'étonnantes mutations : d'anciens silos agricoles devenus en 1994 la Maison du livre et de l'affiche à Chaumont (Haute-Marne), des ateliers navals devenus médiathèque à Brest (Finistère) en 2017 et - en 1987 déjà - un ancien garage parisien reconfiguré pour y loger le précédent siège du quotidien « Libération ». « Pour ces opérations singulières, la phase de diagnostic dépasse de loin la seule analyse structurelle, insiste Patrick Rubin, cofondateur de Canal Architecture. Nous passons beaucoup de temps à comprendre le bâtiment, son histoire et les intentions des concepteurs. C'est ce qui permet d'opérer les transformations les plus justes au regard de l'existant et du programme attendu. »
Dans le cadre de l'opération Keller, l'intervention majeure réside dans le percement d'un vaste patio central pour faire pénétrer la lumière au cœur de l'édifice, favoriser la ventilation naturelle et servir d'écrin à un jardin de pleine terre de 120 m2 . Les étudiants pourront en profiter en empruntant les coursives à l'air libre qui desserviront une large typologie d'espaces pédagogiques : une dizaine de salles d'une capacité de 50 places pour les cours magistraux, une vingtaine de classes plus modestes pour les travaux de groupe, deux amphithéâtres…
Pour dessiner ces volumes, gagner de la hauteur et créer des mezzanines, les demi-étages de l'ancien garage seront supprimés. Loin d'être gommée, l'ancienne affectation du bâtiment contribuera au charme de la future école : la mise en lumière de la façade évoquera des phares d'automobiles, tandis que les rampes inclinées, en partie conservées, permettront de passer d'un étage à l'autre. Les travaux démarreront l'automne 2025 pour une livraison prévue à la rentrée universitaire 2027.