L’Ile-de-France vit au rythme des débats publics ! Alors qu’un seul débat de ce type avait été organisé jusqu’à maintenant – sur le projet CDG Express, à l’automne 2003 – quatre débats sont ou seront lancés dans les semaines à venir. Le premier, sur l’extension du tramway à Paris, se poursuivra jusqu’au 15 mai, le deuxième, sur le projet de dénivellation et de couverture de la RN13 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) se déroulera du 22 février au 30 mai. Les deux autres débats, organisés entre début mars et début juillet 2006, concerneront le prolongement de l’A12 dans les Yvelines et le bouclage de la Francilienne entre Méry-sur-Oise (Val-d’Oise) et Orgeval (Yvelines).
Présidée par Yves Mansillon, la Commission nationale du débat public (CNDP) doit être obligatoirement saisie de tous les projets routiers et ferroviaires d’un montant supérieur à 300 millions d’euros ou s’ils dépassent 40 km. Elle décide ensuite de l’opportunité d’organiser ou non un débat public. Si tel est le cas, elle en confie l’animation à une commission particulière du débat public (CPDP).
«Le débat public est destiné à informer le public, à recueillir ses suggestions et à éclairer le maître d’ouvrage, rappelle Yves Mansillon. La commission ne se prononce pas sur le fond et ne donne pas d’avis sur le projet. En revanche, elle rend compte aussi fidèlement que possible du contenu du débat.» Elle doit publier son rapport dans les deux mois qui suivent la clôture du débat. Le maître d’ouvrage dispose alors de trois mois pour annoncer sa décision de réaliser ou bien d’abandonner le projet.
Tramway T3 à Paris. Le débat public sur l’extension du tramway des Maréchaux (T3) concerne le prolongement vers l’Est, de la porte d’Ivry à la porte de la Chapelle et vers l’ouest, du pont du Garigliano à la porte d’Auteuil. «Ce projet a été conçu dans le cadre de la candidature de Paris à l’organisation des Jeux olympiques de 2012, indique Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé des déplacements. C’est pourquoi le prolongement vers la porte d’Auteuil est soumis au débat public alors que sa mise en œuvre n’est pas encore programmée.» Sur 14 km, l’extension vers l’est jusqu’à la porte de la Chapelle assurerait la desserte de nombreux sites GPRU (Grand projet de renouvellement urbain) et favoriserait le développement d’opérations de bureaux/locaux d’activités. Environ 300 000 habitants seraient concernés. « C’est un élément très attendu de dynamisation de tout le secteur », commente Denis Baupin
Trois tracés pour le XIXe. La Ville de Paris attend de ce débat qu’il l’éclaire sur les différentes hypothèses de tracé dans le XIXe arrondissement. Trois options sont envisagées (voir ci-contre) : par le boulevard Sérurier en suivant le tracé du boulevard des Maréchaux ; en limite de Pantin, sur la route des Petits Ponts ou à l’intérieur de la ville de Pantin avec une interconnexion avec la gare RER E, la desserte de la mairie et du Centre national de la danse.
De même, le nombre de stations (entre 22 et 27) et leur emplacement n’ont pas encore été arrêtés, ni l’insertion du tramway sur la voirie (axial, latéral ou bilatéral). Au total, ce projet est estimé à 600 millions d’euros (infrastructures, matériel roulant, requalification urbaine). Le tronçon entre porte d’Ivry et porte de Charenton (2,4 km, 67,4 millions d’euros) est financé dans le cadre du contrat particulier signé entre le département de Paris et la région (à 50/50). Pour le reste du parcours, le dossier de candidature prévoyait un financement assuré par la Ville à 70 % et par la région à 30 %.
« Comme le contexte a changé, le conseil régional n’est plus tenu par cet engagement, souligne Denis Baupin. C’est en 2008 que devront être précisées les modalités du montage financier. » Si les quatre co-maîtres d’ouvrage : le Syndicat des transports d’Ile-de-France, la Ville de Paris, la RATP et la région, décident de réaliser ce projet, sa mise en service pourrait intervenir en 2012.
RN13 à Neuilly-sur-Seine. « Deux raisons au moins justifient ce projet : environ 150 000 véhicules par jour empruntent l’avenue Charles-de-Gaulle à Neuilly, et les riverains sont exposés à des nuisances sonores qui peuvent atteindre 75 décibels », déclare Jean Guillot, directeur départemental de l’équipement des Hauts-de-Seine. D’une longueur de 1,4 km, entre la porte Maillot et le rond-point de Madrid, le projet proposé par l’Etat, maître d’ouvrage, prévoit la mise en souterrain de la RN13 avec trois voies de circulation par sens (plus la bande d’arrêt d’urgence). Les travaux dureraient quatre ans par sens de circulation (huit ans au total). Ce projet compléterait les 440 m de couverture réalisés il y a plus de dix ans entre le carrefour de Madrid et le pont de Neuilly lors du prolongement de la ligne 1 du métro jusqu’à La Défense.
Les travaux s’élèvent à 750 millions (valeur 2002) hors aménagements sur la dalle de couverture. Pour l’instant, le financement n’est pas arrêté. Trois solutions sont envisagées : crédit budgétaire (dans le cadre du contrat de Plan Etat-région), concession avec péage urbain ou partenariat public-privé. Le 25 avril, une réunion sera spécifiquement consacrée à cette question. Si le maître d’ouvrage lance la réalisation de ce projet, la mise en service du premier tube (dans le sens province/Paris) interviendra au plus tôt en 2013.
