Dans le Xe arrondissement parisien, le Nouveau Lariboisière, dont la première pierre a été posée le 15 septembre par Nicolas Revel, directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ouvrira au printemps 2026. Implanté dans l'angle nord-est du site de l'hôpital Lariboisière créé en 1854, l'équipement en construction de 46 300 m2 SDO accueillera 489 lits, un bloc opératoire de 17 salles, les urgences, un plateau d'imagerie, une maternité dimensionnée pour 3 200 accouchements par an…
« L'exiguïté du terrain (11 000 m2) au regard du programme à y implanter nous a conduits à concevoir un bâtiment compact », commente Jérôme Brunet, à la tête de l'agence d'architecture Brunet Saunier & Associés, mandataire de l'équipe de maîtrise d'œuvre, avec Bernard Desmoulin, architecte associé (1). Pour favoriser son insertion et préserver les perspectives, les concepteurs ont dessiné un socle qui abritera le plateau technique, sur lequel reposent deux volumes aux formes sculptées dédiés aux chambres (à 90 % individuelles) : l'un s'étire et s'affine vers le boulevard de la Chapelle, l'autre au contact des bâtiments existants est plus massif. Le Nouveau Lariboisière induit aussi un retournement complet de l'organisation de l'hôpital : l'entrée s'effectuera par le boulevard de la Chapelle, au nord, et non plus par la rue Ambroise-Paré, au sud. « La traversée nord-sud de l'hôpital restera possible », ajoute Jérôme Brunet.
Marché négocié en entreprise générale. Les travaux, qui ont démarré en octobre 2022, sont menés par un groupement piloté par CBC, filiale de Vinci Construction, en charge des terrassements, du gros œuvre, du clos-couvert et des lots architecturaux, avec Ineo et Axima, filiales d'Equans (groupe Bouygues), pour les lots techniques et Balas pour les installations et équipements sanitaires. « Nous avions initialement lancé l'appel d'offres en lots séparés mais il a été déclaré infructueux. Nous avons alors opté pour un marché négocié en entreprise générale », rappelle Cédric Dumesges, chef du service maîtrise d'ouvrage au département Immobilier & Investissement à l'AP-HP. L'établissement public a par ailleurs confié une mission de pilotage- coordination à Artelia.
« Nous avons terminé les terrassements cet été avec à la clé l'évacuation de 95 000 m3 de terre. Toutes les parois périmétriques sont achevées ainsi que 95 % des fondations et 70 % de la structure (poteaux, poutres, voiles, planchers) du sous-sol et de la mezzanine », décrit Vincent Gayte, directeur commercial chez CBC. Parallèlement, l'entreprise a engagé la restructuration de trois « peignes » de l'hôpital historique, soit 8 000 m² SDO, la maîtrise d'œuvre étant assurée par la même équipe. « Les interventions sont assez lourdes. Nous démolissons une partie des planchers et reprenons les bâtiments en sous-œuvre », précise Morgane Tanquerel, conductrice d'opérations au service maîtrise d'ouvrage de l'AP-HP.
Les travaux réalisés en site occupé, avec 600 compagnons mobilisés au plus fort de l'activité, font l'objet d'une charte « chantier à faibles nuisances ». « Nous échangeons régulièrement avec l'équipe opérationnelle hygiène de l'hôpital sur les méthodologies de travaux », indique Morgane Tanquerel. Ce projet est par ailleurs pilote dans le cadre de la mise à jour du référentiel HQE Bâtiment durable établissements de santé.

Investissement total de 460 M€. Pour construire le Nouveau Lariboisière, l'AP-HP a d'abord réalisé l'immeuble Morax (5 000 m2 ), lui aussi signé Jérôme Brunet et Bernard Desmoulin et livré en 2020. « Nous y avons installé les services qui occupaient les locaux implantés dans la partie nord-est du site, que nous avons ensuite démolis », indique Bénédicte Isabey, directrice de l'hôpital Lariboisière-Fernand Widal. Après cette première phase de travaux, estimée à 340 M€, l'AP-HP en lancera une seconde, axée sur la rénovation du bâtiment Galien (où se trouve l'hélistation) et de plusieurs peignes dont le nombre reste à définir. Le chantier devrait démarrer en 2027 pour s'achever deux ans plus tard. Ces deux séquences représentent un investissement total de 460 M€ TDC (équipements compris).
Le maître d'ouvrage réfléchit d'ores et déjà à une troisième phase : la création d'un centre de recherche à l'ouest de l'emprise, le long de la rue Guy-Patin. « Le Nouveau Lariboisière, c'est un bâtiment mais aussi un projet de réorganisation de l'ensemble du site qui vise à regrouper des activités aujourd'hui dispersées et par là même à améliorer les parcours des patients et des soignants », conclut Bénédicte Isabey.
(1) Avec les BET TPF Ingénierie (structures, VRD, acoustique) et Edeis (lots techniques) ; Alto Ingénierie (HQE) ; AE75 (économiste).