C'était déjà inscrit au calendrier : après les Jeux olympiques, le centre Pompidou fermera pour travaux. Mais la trans-formation de l'établissement culturel du cœur de Paris sera finalement plus importante qu'initialement prévu. Et les lieux garderont portes closes non plus trois, mais cinq ans, de 2025 à 2030. Alors qu'un « schéma directeur technique » était déjà lancé, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, et le président du centre, Laurent Le Bon, ont en effet dévoilé le 10 mai dernier un chapitre II, à savoir un second « schéma directeur », mais culturel cette fois.
L'opération technique, confiée en 2021 à l'agence AIA Life Designers à l'issue d'un dialogue compétitif, vise à remettre en état la tubulure monumentale, sortie de la folle imagination des architectes Renzo Piano et Richards Rogers et ouverte au public en 1977. Désamiantage et remise aux normes tous azimuts sont donc à l'ordre du jour, et les 270 millions d'euros nécessaires budgétés.
Enrichir l'offre proposée aux visiteurs. Mais, depuis sa nomination en juin 2021, Laurent Le Bon a œuvré avec ses équipes pour élaborer un projet visant à enrichir l'offre proposée aux visiteurs. Ce vœu d'un centre Pompidou, selon lui, « complètement métamorphosé mais qui préservera son utopie et son ADN », devra passer par un réaménagement mais aussi un agrandissement des surfaces accessibles au public.
« Il n'était pas question de bâtir une nouvelle aile, nous devions faire avec l'existant », a rappelé Laurent Le Bon. Une solution a été esquissée par Renzo Piano lui-même. L'architecte a soumis un croquis suggérant d'investir des surfaces existantes sous la Piazza, ce grand parvis public imaginé dès l'origine. Sous cette esplanade en pente se trouve un parking d'autocars aujourd'hui désaffecté.
Pour mettre en application le volet architectural de ce nouveau projet culturel, le centre Pompidou lance un concours de maîtrise d'œuvre, dont l'avis a été publié dès le 15 mai. La compétition de 1971 avait permis de déceler deux jeunes architectes talentueux mais totalement inconnus parmi 681 concurrents. La procédure de 2023 prévoit, quant à elle, de sélectionner, dès l'été prochain, six finalistes parmi les candidatures reçues. Le lauréat sera choisi début 2025. Et ce ne sera pas Renzo Piano. Si l'architecte veille attentivement à la destinée de Pompidou, en son nom mais aussi en celui de son confrère Richard Rogers, décédé en 2021, il ne participera pas au concours, mais devrait néanmoins assurer un suivi.
Une organisation des espaces repensée à tous les niveaux du bâtiment
Hormis la reconquête du sous-sol, le programme de ce chantier prévoit de repenser l'organisation à quasiment tous les niveaux du bâtiment. Ainsi, les lieux en connexion avec la ville seront désormais polarisés avec, au nord, les espaces d'accueil et d'orientation des publics des expositions temporaires, des collections ou encore de la Bibliothèque publique d'information (BPI) et, au sud, les activités à vocation commerciale : librairie, boutique et restaurant. Les nouveaux aménagements atteindront même le sommet du centre puisqu'une terrasse accessible au public sera créée au niveau 7.
Deux programmes à ajuster. L'investissement nécessaire pour accomplir ce schéma directeur culturel est estimé à 180 millions d'euros, dont 160 restent à trouver. Le centre Pompidou s'est engagé à les financer lui-même en nouant des partenariats et en lançant une campagne de levée de fonds. A redoubler d'ambitions, l'établissement va devoir faire en sorte que sa remise aux normes techniques et son redéploiement culturel s'ajustent. Ces deux chantiers bénéficieront d'un pilotage unique puisque l'Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic) est chargé de la maîtrise d'ouvrage déléguée de l'ensemble.
