A Paris, la restructuration d'une barre des années 1950 dynamise la porte de Vanves

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Un plot en « T » (au premier plan) sera greffé sur le pignon aveugle de la barre. Il abritera 53 appartements à double orientation.

La résidence du square de la Porte-de-Vanves, gérée par la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), s'étend entre les Maréchaux, le périphérique et les voies ferrées de la gare Montparnasse, dans le XIVe arrondissement. De part et d'autre de l'avenue de la Porte-de-Vanves, elle compte cinq bâtiments construits en 1954 par les frères Maurice et Michel Béguin sous la direction de Jean Dubuisson : deux barres jumelles de 100 m de long et dix étages ainsi que trois plus petites.

Alors que les autres immeubles de l'ensemble seront rénovés en milieu occupé, la réhabilitation et extension de la barre des numéros pairs, qui abritait 172 logements, a fait l'objet d'un concours remporté par MGAU (Michel Guthmann et associés Architecture Urbanisme), mandataire, et JBMN Architectes (Julien Boitard et Mike Nikaes). Indépendamment de la réalisation d'une résidence étudiante, le projet à 38,6 M€ HT consiste à créer un socle élargi de commerces et de locaux d'activités qui viendra s'aligner sur la diagonale de la rue. Englobant le rez-de-chaussée et le premier étage de la barre et affichant une écriture classique de vitrines, il donnera un aspect plus urbain à ce morceau de ville aujourd'hui quelque peu flottant. « L'objectif est une transformation en termes d'image afin d'accompagner le parcours de l'avenue jusqu'au futur bâtiment du ministère des Affaires sociales », explique Emmanuelle Guillaume, cheffe de projets immobiliers à la direction de la construction de la RIVP. En effet, le ministère imaginé par Jean-Paul Viguier verra bientôt le jour face à la résidence, côté Malakoff (la première pierre a été posée en janvier dernier), à l'emplacement de l'ancien siège de l'Insee.

Gommer l'uniformité. La barre est composée de quatre travées, séparées par des joints de dilatation. Les architectes ont proposé d'aménager la résidence de 96 studios du Crous (1 979 m² Shab), dans l'une des quatre, qui sera plus épaisse que les autres.

« Son intégration permet de fabriquer une séquence différente qui casse la linéarité de la barre », éclaire Michel Guthmann. De part et d'autre de la résidence, se trouveront 22 logements en bail réel solidaire de la Foncière de la Ville de Paris (1 476 m² Shab) et 63 logements sociaux familiaux (3 155 m² Shab). Les appartements existants, mono-orientés et dont la surface ne répond plus aux typologies actuelles, se-ront entièrement restructurés pour devenir traversants, entraînant le percement du mur de refend. Des balcons autoportants en bois et dalles béton seront fixés en façade, elle-même isolée par l'extérieur et équipée de fenêtres en bois. « Le choix des architectes d'intégrer la résidence universitaire dans la barre permettait d'avoir davantage de logements neufs tout en respectant l'enveloppe de l'extension, avec une volumétrie graduelle intéressante », constate Emmanuelle Guillaume.

Des ateliers organisés avec les locataires ont aidé à définir les futurs usages des espaces extérieurs.

Jardin en pleine terre. Profitant de la réserve foncière offerte par le parc de stationnement extérieur, un plot en « T » sera greffé sur le pignon aveugle de la barre. Il abritera 53 appartements à double orientation (3 819 m² Shab) en prêt locatif social. Construit en poteaux-dalles, il sera pourvu de façades à ossature bois et finition à l'enduit, structurées par des bandeaux en béton rappelant les lignes de l'existant. La partie restante du parking deviendra, grâce à l'intervention des paysagistes d'Atelier Jours, un vrai jardin en pleine terre, accessible à tous les résidents. En contrepartie, un sous-sol avec 65 places automobiles sera créé.

Des ateliers organisés avec les locataires par l'AMO Palabreo ont aidé à définir les futurs usages des espaces extérieurs. « Cette concertation a permis d'impliquer les premiers concernés et de définir un projet qui appartienne à tous », précise Olivier Barthe de l'agence MGAU. Après la phase de curage par l'entreprise Doyere, les travaux commenceront cette année (les appels d'offres sont en cours) pour une livraison en 2027.

120 tonnes de matériaux déposés et réutilisés in situ

Le bureau d'études R-Use a effectué le diagnostic des ressources existantes et fixé une stratégie de réemploi interne pour leur valorisation. Au total, 120 tonnes de matériaux seront déposés soigneusement afin d'être remis en œuvre in situ après avoir été reconditionnés en atelier (nettoyés, poncés/sablés, réassemblés) dont 6 000 m2 de parquet en bois massif, les garde-corps extérieurs, les radiateurs en fonte, les portes, une sélection d'équipements sanitaires, les luminaires et les boîtes à lettres. « C'est aussi une manière de retrouver dans le nouveau projet une trace de ce qui a disparu », apprécient les architectes de JBMN. L'intégration de matériaux provenant de filières d'approvisionnement extérieures est également prévue : pavés de pierre, éléments de serrurerie (clôture, lisse de plantation) et du bardage en bois. Le gain carbone de cette démarche est estimé à 700 tonnes en équivalent CO2.

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