Après le retrait soudain de Cogedim en janvier 2023, alors que les permis de construire avaient été obtenus, Paris & Métropole Aménagement (P & Ma) a finalement confié les derniers lots du site de l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul (XIVe ) à l'équipe portée par le promoteur Ogic. Outre les bâtiments existants, réhabilités par l'agence Soja Architecture (îlot Robin) et Chatillon Architectes (îlot Oratoire), le projet « Façade Denfert » comprendra la construction d'un bâtiment imaginé par Armand Nouvet (Anau). « Nous avons profité de la relance d'une consultation pour resserrer le programme et le rendre plus réaliste face à l'évolution du contexte », explique Sylvie Borst, directrice générale de P & Ma. Afin d'atteindre l'équilibre économique, le nombre de mètres carrés consacrés à l'équipement culturel privé a été quelque peu diminué (3 600 m² SP) au profit des logements (7 800 m² SP) libres et locatifs intermédiaires avec la RIVP.
« C'est un projet complexe au niveau programmatique, architectural, financier et juridique », précise Adeline Chambe, directrice de l'aménagement chez P & Ma. L'investisseur Galia a délégué la gestion de la partie culturelle à Thanks For Nothing pour l'art contemporain et à La Loge pour le spectacle vivant et les concerts. « L'équipement se répartit sur les trois groupes de bâtiments, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur avec un parcours d'œuvres », détaille Delphine Jolivet, responsable d'opérations chez P & Ma. Reliées par des passages, une succession de cours affichera une continuité de sol étudiée avec les paysagistes de Land'Act. Les architectes de Soja rétabliront une cohérence esthétique dans l'îlot Robin, mêlant des logements et 1 300 m² de commerces autour d'une cour publique, et créeront des porosités visuelles. Construit au XVIIe siècle, l'îlot Oratoire abritera des logements, un restaurant, une résidence d'artistes, un incubateur dédié à la création et un foyer social d'Emmaüs Solidarité. Une salle de théâtre investira la Pouponnière, au-dessus de la chapelle.
Pierres de carrière. Le bâtiment de l'agence Anau sera traité comme la vitrine du quartier sur l'avenue Denfert-Rochereau. « Nous avons choisi d'unifier son expression architecturale pour lui donner une stature qui va au-delà de l'immeuble de logement et signale la reconversion de l'ensemble du site », explique Armand Nouvet. Sa façade autoportante en pierres de carrière, sur lesquelles les marques de son extraction resteront lisibles, lui conférera une force plastique. Au second plan et en retrait des balcons, se dressera une enveloppe indépendante transparente. Des stores extérieurs se glisseront entre la façade vitrée et les pierres qui feront aussi office de brise-soleil.
Les choix constructifs, comprenant une structure et des planchers mixtes bois-béton, permettront une grande flexibilité intérieure facilitant les adaptations ultérieures. En retrait du mitoyen, une cour longitudinale servant de garage à vélos apportera une source supplémentaire de lumière naturelle dans la salle d'exposition cruciforme, aménagée au rez-de-chaussée et visible depuis l'avenue. Au premier étage se trouvera une salle de concert dont le foyer sera entouré d'une vaste loggia en galerie.
Un double accès depuis le parvis permettra à ces deux espaces culturels de partager le hall lors de certains événements. Au-dessus, les cinq niveaux d'appartements bi-orientés ou traversants ouvriront à l'arrière sur une grande cour semi-circulaire végétalisée et plus domestique. Le sous-sol de l'immeuble abritera une centrale de mobilités alternatives. L'équipe de la Façade Denfert vise un dépôt de permis fin 2024, un début de chantier en avril 2026 et une livraison en 2028.
