Une voie de chemin de fer sur un espace vert : c’est l’une des originalités du parc Clichy-Batignolles à Paris où la paysagiste Jacqueline Osty a conçu le « Jardin du rail » sur quelques centaines de m2. Cette parcelle rappelle la vocation ferroviaire des terrains de la gare des Batignolles où se réalise la première tranche de 4,4 ha d’un ensemble paysager qui doit, à terme en couvrir 11. Ce chantier dans le chantier a mobilisé 4 entreprises. Il impliquait en effet la pose des rails, la réalisation des allées pavées et en béton blanc, des interventions de terrassements, les espaces verts et la pose du système d’arrosage.
Coordination permanente. L’imbrication des 4 entreprises dans la réalisation d’un patchwork minutieux de fosses de plantations à 1,20 m de profondeur pour 8 sujets, de massifs de vivaces sur un lit de terre de 45 cm d’épaisseur et recouverts d’un granulat 10/14, de cailloux de ballast 20/40 à répartir selon un plan faisant alterner matériaux rectilignes et massifs en courbes, a nécessité une coordination complexe permanente. « Il fallait non seulement avoir un œil attentif sur le planning du Jardin du rail, rappelle Vincent Allaire, chef de chantier chez Lachaux, mais aussi tenir compte des contraintes de circulation et de stockage des matériaux et des végétaux sur l’ensemble du futur parc. La zone de stockage, située à une autre extrémité du chantier Clichy-Batignolles, nous obligeait en effet à faire le grand tour pour arriver à pied d’œuvre. Les couloirs de circulation suivaient l’avancée des autres travaux, en particulier ceux des voiries et subissaient de régulières modifications, la nécessité de poser les réseaux avant d’entreprendre les fosses de plantation n’ayant pas simplifié le déroulé des opérations ».
Un travail « à la petite cuiller ». La pose des rails de 5 m de longueur a nécessité une manipulation délicate avec une griffe montée en bout de flèche d’une pelle sur chenilles Volvo EC 35. Après l’intervention du terrassier, les allées pavées ont été réalisées une fois les mélanges de terre effectués. « Nous avons travaillé à la petite cuiller, résume un conducteur de pelle d’Urbaine de Travaux. Un godet de ceci, puis un autre godet de cela. C’est un chantier extrêmement minutieux, aux antipodes des linéaires de terrassement qui se compte en centaines de mètres et en centaines voire milliers de tonnes de matériaux ».
Le plan dans une main, le mètre dans l’autre. Pour achever les plantations fin avril-début mai, il n’a pourtant pas fallu céder à la précipitation tant les opérations se sont avérées complexes. Exemple : le recouvrement des massifs de vivaces par du ballast 10/40, une granulométrie inférieure à celle qui a été utilisée sur le Jardin du rail. Ce gabarit plus léger permet de respecter la croissance des plantes qui peuvent ainsi sortir et se multiplier. Les 2 matériaux se frottent continuellement l’un à l’autre dans les arabesques au sol, dessinées par la paysagiste, mais ils n’ont pu être mis en œuvre simultanément (d’abord le gros sur les zones non plantées, ensuite le fin sur les massifs de vivaces). « Si nous répandons trop tôt le granulat 10/14, prévient Vincent Allaire, il a tendance à se mélanger à la terre. Nous avons donc attendu avant de couvrir les zones plantées ».
Les entreprises ont travaillé sur ce chantier les plans dans une main, le mètre dans l’autre puisqu’il fallait vérifier en permanence le respect des contours entre les différents matériaux. Cette concentration de plantes, d’arbustes et de matières minérales et métalliques, cette alternance de lignes droites et de courbes composent aujourd’hui une authentique atmosphère de talus de chemin de fer. Il n’y manque que les trains.






