Avec une année 2024 reconnue mondialement comme l'une des plus chaudes jamais traversées, de plus en plus d'industriels proposent des solutions de transition énergétique. C'est le cas de Panasonic, où Enrique Vilamitjana, directeur général de Panasonic Heating & Cooling Solutions Europe, rappelle que « 80 % de la consommation finale d’énergie est encore utilisée pour le chauffage résidentiel et l’eau chaude sanitaire ».
Sur le salon Interclima, l’industriel a présenté sa stratégie de décarbonation, et ses solutions qui s’appuient sur deux leviers principaux pour améliorer les systèmes CVC : les pompes à chaleur (PAC) air-air ou air-eau en remplacement des systèmes à base de combustibles fossiles [pour lesquels les subventions doivent s’arrêter en 2025, avec une interdiction complète prévue pour 2040, NDLR], et le recours aux fluides naturels comme le R290 ou le CO2.
Son ambition est aussi de s’orienter vers des solutions globales davantage que vers des produits seuls. C’est pourquoi Panasonic a récemment noué plusieurs partenariats : avec Innova, pour le développement technologique des systèmes hydroniques (clim réversible à eau), comme avec Tado, pour la gestion des consommations d’énergies.
L’Aquarea Loop, une solution pour le résidentiel collectif
Big Aquarea Collectif / Panasonic
Ensemble, ils ont notamment travaillé à l’élaboration d’un système complet pour les logements collectifs, un marché qui va peser de plus en plus lourd, en neuf comme en rénovation. « Énormément de chaudières gaz y sont installées et doivent être remplacées par un modèle bas carbone comme une PAC air-eau », commence Benoit Lecornu, responsable marketing chez Panasonic Heating & Cooling Solutions Europe.
« Pour cela, nous avons développé la pompe à chaleur BIG Aquarea T-CAP série M », énonce-t-il. Elles sont facilement intégrables à des systèmes hydroniques comme les ventilo-convecteurs, le chauffage au sol, les ballons d’ECS et surtout les radiateurs, et peuvent atteindre une température d’eau chaude de 75°C. Elles fonctionnent au réfrigérant naturel R 290, qui affiche un faible potentiel de réchauffement global (PRG) de 3. Elles sont disponibles dans des capacités de 20, 25 et 30 kW, et peuvent atteindre 300 kW en cascade pour les plus grands bâtiments collectifs.
Un nouveau contrôleur d’installation en cascade connecté y est associé, « ce qui est unique sur le marché », assure Benoit Lecornu. Le modèle d’un client qui gère son installation depuis une application et du mainteneur qui peut intervenir à distance est ici transposé au collectif. « Une société d’installation va désormais pouvoir gérer plusieurs sites, partout sur le territoire, et superviser chacune des installations avec maintenance, réglages et réparations à distance. Si un installateur doit se déplacer, il va pouvoir s'y connecter avec un ordinateur à ce contrôleur de cascade pour vérifier toute l'installation », détaille-t-il. En somme, cette interface doit permettre aux installateurs et aux mainteneurs de moins se déplacer.
Troisième partie de cette solution tout-en-un, l'Aquarea Loop. Une unité BIG Aquarea T-CAP série M installée en extérieur va alimenter différentes unités Aquarea Loop présentes dans chacun des logements, installées en remplacement des radiateurs à eau dans l’existant. Le système fonctionne sur une boucle d'eau basse température qui circule dans les conduits existants, entre 20 et 30 °C tout au long de l'année. Ensuite chaque unité intérieure peut réguler en froid comme en chaud grâce à leurs compresseurs pour pouvoir fournir simultanément du chaud dans un logement et du froid !
Un marché compliqué
Ces innovations s’inscrivent dans une tendance du marché de la construction compliquée. « Concernant la PAC air-eau en résidentiel, nous suivons le marché, nous sommes donc en baisse en terme de vente », confie Thierry Ronat, le directeur national Panasonic Heating & Cooling Solutions France. Il y a un an pourtant, le gouvernement annonçait vouloir construire un million de PAC en France d’ici 2027. Mais pour le dirigeant, « nous sommes en loin. Pour pouvoir les construire, il faudrait déjà pouvoir les vendre à nos clients ». C’est pourquoi il appelle à une visibilité des prix de l’énergie et à une stabilité des dispositifs d’aide, indispensables pour mettre en avant les nouvelles énergies. « Nous appelons a une croissance pérenne pour rendre les tarifs digestes pour les ménages et travaillons sur les prix de nos systèmes avec l’ensemble de la filière », assure-t-il.
Inquiet, le dirigeant voit aussi se profiler ce qu’il considère comme un retour en arrière. « Depuis quelques semaines, nous observons une tendance au retour des énergies fossiles, que ce soit le gaz vert ou le biofioul, voir la même la réparation d’ancienne chaudière gaz ou le rachat de chaudières fioul d’occasion. Mais pour être transformés en énergie de chauffage, ces combustibles ont besoin d’être brulés et la combustion produit inévitablement du CO2, ce que nous trouvons extrêmement dangereux », déplore-t-il. « Nous devons impérativement respecter la trajectoire carbone qui nous a été demandée », martèle-t-il.
