ORLEANS : Trait d'union pour une agglomération étirée

Inauguré en novembre 2000, le tramway « le moins cher de France » (110 millions de francs du kilomètre) est porteur de projets échelonnés sur son tracé. Plus que d'autres, il annonce une nouvelle ère urbaine, marquée par la mobilité et l'éclatement des centres.

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C'est parce qu'il devait traverser des zones vierges de toute habitation que le tramway d'Orléans a failli ne jamais voir le jour. La commission d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique contestait, en effet, le tracé proposé dans des zones désertes. Et pourtant, la première ligne mise en service le 20 novembre 2000 a été délibérément conçue pour susciter des liens d'urbanisation dans une agglomération historiquement étirée entre le quartier des Aubrais et celui d'Orléans-la-Source, créé dans les années 60. Du nord au sud, en 18 kilomètres et 24 stations, la ligne traverse donc les trois principales communes de l'agglomération - Fleury-les-Aubrais, Orléans et Olivet - où sont projetés de nouveaux quartiers. L'exemple le plus concret est celui d'Olivet au sud de la Loire. Le tram ne pouvait passer au centre d'Olivet : il a donc été dévié vers le Larry, une ZAC de 41 hectares perçue comme l'extension naturelle du centre-ville. Autour de la station du tram sont prévus 700 logements, une clinique privée, des équipements sportifs et un parc urbain. C'est encore vrai avec la zone du Clos-du-Moulin où forêt et prairies sont réservées à des activités futures, tandis qu'au nord de l'agglomération un nouveau quartier d'Orléans, La Râpe, sortira d'anciens entrepôts condamnés par le tram.

De plus, le passage du tramway a donné lieu, outre ses propres aménagements, au retraitement (en cours), de trois places ou carrefours : le carrefour de la Croix-Saint-Marceau, la place Charles-de-Gaulle (Tracés Urbains, architectes) et la place de la gare de Fleury-les-Aubrais. Conçue par Systra, société filiale de la RATP et de la SNCF, spécialisée dans l'ingénierie du transport, associée à l'architecte Jean-Michel Wilmotte, la ligne elle-même se caractérise par la sobriété du dessin de ses différents constituants. Les quelque 750 caténaires, 350 mâts d'éclairage, 8 kilomètres de voies engazonnées, 24 stations, 22 rames et 1 300 arbres plantés qui ont été nécessaires à son édification introduisent tout au long du parcours un élément sensible de continuité et d'harmonie entre les différents quartiers traversés. Ainsi mise en scène, la mobilité urbaine permet d'envisager la constitution d'une véritable polycentralité à l'échelle de l'agglomération, condition d'un nouveau rapport entre le centre d'Orléans et sa périphérie.

C'est en tout cas la logique qui devait conduire le tramway dans l'est de l'agglomération, avec une seconde ligne prévue pour 2005. Deux communes, Saint-Jean-de-Braye et Chécy (voir page 84) ont anticipé son arrivée pour lancer de grands projets urbains : le Clos-du-Hameau à Saint-Jean-de-Braye avec 700 logements et le Vieux-Pavé à Chécy, un futur quartier d'habitat mixte de 400 logements. Mais, comme Jean-Pierre Sueur, les maires de ces deux communes, tous deux farouches partisans du tramway, ont été battus aux dernières municipales, tandis qu'un référendum local sur la future ligne est proposé par le nouveau président de la communauté de communes. Ces projets restent donc en pointillé.

FICHE TECHNIQUE (p.132) :

Maîtrise d'ouvrage : CCAO (communauté de communes de l'agglomération orléanaise)

Co-mandataires solidaires de la CCAO pour la réalisation du projet tramway : Semtao (Société d'économie mixte des transports de l'agglomération orléanaise) et Transamo

Directeur du projet tramway : Christian Buisson

Maîtrise d'oeuvre : Systra France, mandataire, Gérard Chérel, chef de projet ; Governor Sarl, Jean-Michel Wilmotte (Charles Moliner, directeur du projet ; Selim Kenan, responsable aménagement urbain ; Marc Dutoit, responsable design mobilier urbain). Atelier Barbier, Brigitte Barbier, paysagiste ; Atelier Trudelle

Coût total : 1,9 milliard de francs (valeur 1997), dont 20 % de subventions d'Etat (394 millions de francs), 33 % d'autofinancement (650 millions de francs), 35 % de prêts bancaires (689,5 millions de francs), 12 % de prêts Caisse des dépôts (240 millions de francs)

DECOMPOSITION DES COUTS

Frais de maîtrise d'oeuvre, d'ouvrage, de communication et divers : 226 millions de francs

Acquisitions foncières : 80 millions de francs

Déviation de réseaux : 101 millions de francs

Voirie, plate-forme : 367 millions de francs

Pose de voies et finitions sols : 273 millions de francs

Eclairage et signalisation lumineuse : 36 millions de francs

Plantations : 14 millions de francs

Ouvrages d'art : 104 millions de francs

Bâtiments stations : 18 millions de francs

Dépôts et ateliers : 89 millions de francs

Réaménagements collatéraux : 75 millions de francs

Parcs relais : 18 millions de francs

Fournitures (revêtements de surface, arbres, mobilier, rails) : 216 millions de francs

Lignes aériennes : 31 millions de francs

Sous-stations : 25 millions de francs

Equipements d'exploitation : 88 millions de francs

Matériel roulant : 233 millions de francs

Modifications de voiries : 11 millions de francs

Pistes cyclables et gainage fibre optique : 52 millions de francs

PHOTOS :

La traversée du centre d'orléans permet de relier les entités de l'agglomération.

La ligne se caractérise par la sobriété de ses constituants, dessinés par wilmotte.

Le choix du tracé a été conçu pour en faire le vecteur d'opérations d'urbanisme.

TRACE : Tracé du tramway et projet d'aménagement urbain

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