100, 200, 300 milliards d’euros. C’est ce que représenteraient, paraît-il, les soutiens aux énergies renouvelables électriques dans les dix prochaines années. Une « gabegie budgétaire », entend-on.
Une « bombe sur la facture des Français », dénoncent certains. Et si on regardait les faits, tout simplement ?
Depuis mars 2025, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) est sur la table. Objectif affiché : sortir enfin de notre dépendance aux énergies fossiles (encore 60 % de notre mix énergétique) et faire de l’électricité décarbonée notre levier de souveraineté. Mais comme souvent, les chiffres deviennent des armes. Ces fameux « 300 milliards » sont agrégés, déformés, mal compris. Sur cette somme, 200 milliards concernent les réseaux électriques, à moderniser d’urgence, notamment pour s’adapter aux effets du changement climatique.
Or, selon RTE, seules 17% de ces dépenses sont directement liées à l’intégration des énergies renouvelables dont 10% pour le solaire. Des investissements que nous devrons réaliser de toute façon, avec ou sans renouvelables.
Le solaire parmi les énergies les plus compétitives du mix
L’énergie solaire est aujourd’hui l’une des plus compétitives du mix. Selon les données de l’Ademe (avril 2025), le coût actualisé de l’électricité solaire pour les centrales solaires oscille entre 49 et 88 €/MWh, selon la taille et la localisation des projets.
Cette compétitivité s’est accrue avec le temps grâce à une baisse continue des coûts sur la dernière décennie. À titre de comparaison, la CRE a estimé en novembre 2023 le coût complet de production du nucléaire existant à 60,7 €/MWh, tandis que la Cour des comptes situe celui du nouveau nucléaire (type EPR) entre 90 et 120 €/MWh, soit bien en-dessous du prix de marché observé ces dernières années. Contrairement à une idée reçue, le solaire fait baisser la facture, il ne l’augmente pas.
Le solaire, en particulier, offre bien plus qu’une production d’énergie : c’est un levier d’ancrage territorial. Selon une étude Ademe (Rev3, 2023), les projets de transition locale génèrent en moyenne 2/3 de leurs retombées économiques directement dans les territoires via les prestataires locaux. Le solaire, ce sont des loyers pour les agriculteurs, des économies pour les collectivités, des emplois non délocalisables et pour les entreprises qui autoconsomment une partie de l'électricité qu'ils produisent sur leurs toitures.
Et pendant que l’on agite des chiffres pour effrayer, les coûts réels de l’inaction flambent. En 2024, la France a versé 64 milliards d’euros pour ses importations de pétrole et de gaz. Selon RTE, une PPE ambitieuse permettrait d’économiser 210 milliards sur ces importations d’ici 2035, tout en dégageant 66 milliards d’euros d’exportation nette d’électricité. Total : 275 milliards de gains potentiels.
Sortir des caricatures
Le 30 juin 2025, le réacteur de Golfech s’est arrêté : la Garonne était trop chaude pour refroidir les installations. Le solaire, lui, produisait. Il est ce complément agile et résilient dont notre mix a besoin. Dans ce contexte, les déclarations récentes de Bruno Retailleau appelant à stopper le financement public du solaire et de l’éolien sont non seulement infondées, mais dangereuses. Elles opposent des solutions qui doivent être complémentaires. L’urgence énergétique et climatique n’a pas besoin de caricatures.
Défendons une énergie propre, locale, compétitive, et créatrice de valeur dans les territoires. Ce que nous demandons, c’est une trajectoire claire, prévisible, alignée avec une PPE 3 respectueuse de cette trajectoire. Pour que la filière continue à investir, innover et recruter. Opposer nucléaire et solaire, c’est faire fausse route.
La France mérite un débat énergétique à la hauteur des enjeux.
Depuis 2018, le syndicat AuRA Digital Solaire, nouvellement association, réunit des TPE, PME, ETI, grands groupes ou filiales de groupes internationaux issus et/ou implantés dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes, acteurs du solaire et du digital. Sa mission est de promouvoir la décarbonation par l'énergie solaire, en fédérant l'ensemble des acteurs de l'écosystème solaire. Elle encourage le déploiement de solutions innovantes, anime une filière régionale éco-responsable et créatrice d'emplois durables, partageant les bonnes pratiques et soutenant le développement économique local. Implantée à Lyon, l’association réunit 130 membres et représente 18 000 emplois sur l’ensemble du territoire.