« Nous préparons déjà un autre plan d’investissement en faveur des collèges »

Successeur de Claude Bartolone, Stéphane Troussel se félicite du premier plan qui permet d’accueillir les nouveaux élèves dans des conditions optimales. Et s’attaquera à la rénovation lourde de 90 établissements.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PHOTO - 797991.BR.jpg

Qu’est-ce qui justifie l’ampleur de ce plan d’investissement en faveur des collèges ?

La Seine-Saint-Denis est le territoire le plus jeune et populaire de France, et le plus créateur d’emplois ces quinze dernières années en Ile-de-France. Mais il est aussi le département où le taux de chômage est parmi les plus élevés, car les taux de réussite aux examens et les niveaux de qualification sont parmi les plus bas : 27 % des jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. C’est pourquoi nous avons fait de la réussite éducative notre priorité. Tout commence par l’éducation, elle est le levier de l’égalité et du pacte social. Le plan exceptionnel d’investissement (PEI) voté en octobre 2010 intègre la construction d’établissements supplémentaires pour faire face à la pression démographique. Il permet aussi de rattraper le retard sur la qualité du bâti : certains de nos collèges étaient indignes de l’école de la République, et nous devions les reconstruire. Bien sûr, tout ne se joue pas dans l’architecture des bâtiments ou dans l’équipement numérique. Mais le fait d’étudier dans des bâtiments de qualité, modernes et bien équipés, change le rapport au travail et à l’éducation.

Comment les élus ont-ils réagi au choix de l’exécutif de recourir au partenariat public-privé (PPP) ?

Le contrat de partenariat n’est pas inscrit dans les canons de l’orthodoxie de la Place du Colonel-Fabien, ni dans celle de la Rue de Solférino (sièges du PCF et du PS, NDLR) ! Notre majorité a été difficile à convaincre. Nous avons choisi cette méthode car elle nous a semblé être l’outil technique adapté pour mener aussi rapidement un plan de cette ampleur. D’ailleurs, nous n’en disposions pas d’autres. Certains de nos collèges en ont mis dix ans à sortir de terre, comme Jean-Lurçat à Saint-Denis. Or, nous devions absolument accueillir les collégiens supplémentaires : 1 300 en 2012, 1 500 en 2013 et près de 1 200 cette année.

La situation financière du département a-t-elle pesé sur cette décision ?

A l’automne 2010, le conseil général n’avait plus de capacité d’endettement suffisante pour porter l’intégralité du PEI dans des délais aussi resserrés. Le PPP était une solution. Pour limiter les risques, nous avons mis 40 % d’argent public à travers nos propres emprunts.

Etes-vous sortis de cette passe financière difficile ?

Pas encore, mais la situation s’améliore. Nous sommes parvenus à stabiliser l’endettement à un milliard d’euros, et la part des emprunts toxiques dans la dette totale est passée de 93 % en 2008 à moins de 50 % cette année.

Le PEI n’a-t-il pas pénalisé les investissements dans les autres secteurs ?

Le conseil général a continué à beaucoup investir, dans les transports en commun notamment. Effectivement, nous avons mis en place un moratoire de trois ans sur les investissements aux communes. Ce n’est pas le PEI qui a rendu difficiles les budgets du conseil général mais la non-compensation par l’Etat du transfert des trois allocations de solidarité, que nous estimons à près d’un milliard et demi sur dix ans.

Quel premier bilan tirez-vous du PPP ?

L’envergure du plan et notre statut de grande collectivité dotée de services financiers et juridiques assez musclés, que nous avons encore renforcés pour le lancement des contrats de partenariat, nous ont placés dans une relation assez équilibrée avec les groupements. Pour l’instant, la phase de travaux se déroule bien, même si des recours contre les permis de construire de deux collèges, à Montreuil et au Raincy, ont parasité le calendrier initial. Nous pourrons rattraper le retard dans le premier cas, mais pas dans le second. Le collège du Raincy sera livré avec trois semaines de retard et mis en service au retour des vacances de la Toussaint.

Une fois ce plan achevé, l’essentiel aura-t-il été fait ?

Non, nous préparons un autre plan que nous présenterons pour l’automne, baptisé « Collèges 2020 ». Il devrait porter sur la construction de sept nouveaux établissements et la rénovation lourde de près de 90 collèges. Ces derniers ont connu des rénovations et travaux d’entretien courant mais ils méritent une remise à niveau qualitative, numérique et énergétique, à raison de 3 à 5 millions d’euros chacun. Je ne voudrais pas que l’on ait, d’un côté, 20 collèges vitrines de notre politique éducative, et, de l’autre, 80 établissements dans un état correct mais sans plus.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 797991.BR.jpg PHOTO - 797991.BR.jpg
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires