Interview

«Nous ne poussons pas les entreprises à redémarrer les chantiers dans un contexte d’anxiété» Stephan de Fay, directeur général de Bordeaux Euratlantique

Chantiers à l’arrêt, équipes en télétravail et pourtant l’EPA Bordeaux Euratlantique continue d’étudier, préparer des projets, et même de lancer des consultations. Entretien avec Stephan de Fay, son directeur général.

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Stephan de Fay, directeur général de Bordeaux Euratlantique
Stephan de Fay, directeur général de Bordeaux Euratlantique

Quel est l’impact de la crise sur les chantiers en cours ?

Sur Euratlantique, la quasi-totalité des chantiers est à l’arrêt à l’initiative des entreprises. Dès le vendredi suivant l’annonce du président de la République [20 mars, NDLR], il y a eu un mouvement très fort d’arrêt et de mise en sécurité des chantiers par les entreprises. Il ne reste qu’un ou deux chantiers en activité partielle, qui sont très particuliers dans leur configuration. Le siège de Valorem à Bègles, où le chantier est au stade des fondations. Et une opération de logement de Nacarat sur le jardin de l’Ars, quasi livrée.

On sent un frémissement chez les entreprises, une volonté de reprendre les chantiers. Nous avons sollicité nos maîtres d’œuvre [désignés sur concours, NDLR], nos SPS pour mettre à jour nos plans généraux de coordination de sécurité et de protection de la santé (PGC). C’est notre responsabilité de maître d’ouvrage. Mais pour reprendre les chantiers, il faut a minima un maître d’œuvre, un coordinateur sécurité santé et un contrôle technique opérationnels. Nous attendons que les règles de méthodologie soient validées par les fédérations professionnelles. Clairement, nous ne poussons pas les entreprises à redémarrer les chantiers, ce qui pourrait créer du conflit social dans les entreprises dans un contexte d’anxiété. Il faut rester très prudent.

« C’est une excellente surprise, les collectivités territoriales se sont remarquablement organisées »

Vous poursuivez néanmoins l’élaboration de dossiers et consultations ?

En effet, outre quelques sondages géotechniques sur le secteur d’Armagnac sud, nous essayons de préparer les opérations à venir. Et là, c’est une excellente surprise, les collectivités territoriales, Bordeaux Métropole en tête, et les services déconcentrés de l’Etat se sont remarquablement organisées pour maintenir les réunions de coordination, l’instruction des permis de construire. Nous avons des interlocuteurs mobilisés individuellement et paradoxalement nous touchons aux limites de l’équipement informatique en télétravail.

Vous avez plusieurs gros dossiers en cours, quelles sont les priorités pour les prochaines semaines ?

Nous avons trois gros marchés de travaux qui doivent démarrer dans les prochains mois : les berges de Garonne, les jardins d’Ars, et les travaux de franchissement des voies SNCF sur le quartier Amédée Saint-Germain [au sud de la Gare, NDLR]. Juste avant la crise, nous étions en phase de préparation des consultations de travaux ; une première consultation était prévue pour fin avril, une seconde fin juillet, la troisième fin septembre. Selon le principe de lancer la consultation dès qu’un des trois dossiers est prêt.

Pour l’aménagement des berges, qui restent en 2x2 voies, nous déclassons de la voirie pour laisser plus de place aux piétons côté Garonne, des nouvelles voies étant créées sur les délaissés de voirie. Ce qui permet de conserver en permanence 2x2 voies en circulation durant les travaux. Pour cette première tranche de travaux de 7 millions d’euros, le DCE est en cours de préparation, et nous lancerons les consultations durant la phase de confinement. Les bureaux d’études nous assurent être capables de travailler en confinement. Reculer les consultations serait prendre un gros risque de décaler à la même période le démarrage effectif des travaux et de créer un embouteillage de chantiers simultanés.

Sur Amédée Saint-Germain, le pont de la Palombe, déjà construit, doit se raccorder des deux côtés à la voirie existante et un deuxième pont est en projet au-dessus des anciens ateliers ferroviaires pour se connecter au sud de la gare en 2021. Le troisième grand marché est le jardin d’Ars, de l’autre côté du MIN. Nous allons lancer le marché de réalisation de 5 ha sur les 10 ha prévus du parc. Une première phase d’un montant de 7 à 8 millions d’euros.

« Nous lançons un AMI cette semaine, en plein confinement »

Vous allez lancer dans quelques jours un appel à manifestation d’intérêt ?

En effet, nous devions lancer un AMI pour retenir un investisseur de long terme pour les locaux productifs et d’activité. Sur tout le périmètre d’Euratlantique. Il devait être initialement lancé pour le Mipim, qui est décalé. Nous le lançons cette semaine, en plein confinement, avec une date limite de réponse pour le 25 juin, après la fin de confinement, du moins on l’espère. Nous cherchons un investisseur de long terme qui puisse prendre le risque et sécuriser les promoteurs pour les locaux de pied d’immeubles destinés à des artisans et locaux d’activités. C’est une façon de rendre possible ces opérations, parce que l’artisan tout seul ne peut prendre ce risque. Ces rez-de-chaussée d’immeubles de logement ou de tertiaire représentent 2 000 m2 par an. Il faut définir le cahier des charges et établir une stratégie de long terme. Peu d’acteurs en sont capables.

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