La communauté d’agglomération Grand Paris Sud a été créée en 2016. Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Avec près de 360 000 habitants, Grand Paris Sud est la deuxième communauté d’agglomération en poids de population en France. Elle regroupe 23 communes réparties sur deux départements de part et d’autre de la Seine : l’Essonne, en rive gauche, et la Seine-et-Marne, en rive droite. Son périmètre inclut l’ancienne ville nouvelle d’Evry et celle de Sénart, toujours inscrite en opération d’intérêt national (OIN). Sociologiquement, on caractérise souvent ce territoire comme une petite France avec des villes populaires, voire fragiles comme Grigny et des communes plus aisées, en rive droite comme Etiolles, Soisy-sur-Seine ou Saint-Germain-lès-Corbeil. Grand Paris Sud accueille 25 000 étudiants et compte pas moins 130 équipements culturels, dont beaucoup hérités de la construction des deux villes nouvelles : à l’époque, la réalisation d’équipements publics constituait une partie intégrante du parti d’aménagement.
Justement, par rapport à cet héritage des villes nouvelles, l’Etat dispose-t-il encore de réserves foncières ?
Nous allons sanctuariser 1035 ha de foncier public
Il n’en possède plus sur la rive gauche à l’exception de la ZAC Grand Parc à Bondoufle où il reste 1 000 logements réaliser. En revanche, l’Etat détient encore 1 350 ha sur la partie sénartaise. Dans le cadre de l’élaboration du schéma de cohérence territoriale (Scot) que nous devrions adopter d’ici à la fin de l’année et qui s’inscrit dans la droite ligne du schéma directeur régional environnemental (Sdrif-E), nous avons décidé, avec l’Etat et les élus des communes concernées, de sanctuariser 1 035 ha de foncier public : 800 ha en zone agricole et 200 ha en Espaces naturels, agricoles et forestiers (Enaf). Sur les 315 ha restants, 300 se situent dans des ZAC en cours de développement. A ces 1 350 ha, il faut ajouter 150 ha à Réau, en bordure de l’aérodrome de Villaroche et de l’établissement Safran Aircraft Engines, dont une parcelle d’un seul tenant de 100 à 110 ha qui pourrait accueillir une très grande entreprise. Ce site de Réau est lauréat de « France 2030 ». Deux autres emprises, cette fois localisées en Essonne, ont été retenues dans le cadre de cet appel à projets de l’Etat : la friche Lu (17 ha) à Ris-Orangis et le Bois-Sauvage (4 ha) à Evry-Courcouronnes.
Combien investissez-vous en moyenne par an ?
Neuf quartiers en NPNRU dont sept de niveau national
Nous investissons en moyenne 100 millions d’euros par an dont 15 millions d’euros fléchés vers la rénovation urbaine : nous comptons 9 quartiers en NPNRU dont 7 de niveau national ainsi qu’une opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (Grigny 2). En ces années de fin de mandat, nous dépensons un peu plus : 148 millions d’euros en 2024, dont 110 au titre des projets nouveaux, et 38 millions d’euros qui ont glissé de 2023 sur 2024 car les opérations n’étaient pas totalement achevées.
Dans ce contexte contraint pour les finances locales, envisagez-vous de réduire vos investissements ?
Nous souhaitons réorienter nos investissements dans la maîtrise des biens communs
A priori non mais, en revanche, nous souhaitons réorienter nos investissements dans la maîtrise des biens communs, que sont l’eau, l’énergie et le foncier, vers les projets de transition sociale et écologique. Nous envisageons, par exemple, d’accentuer notre effort en matière de développement des réseaux de chaleur et de solarisation. Nous nous sommes aussi fixés comme objectif de maîtriser la totalité du grand cycle de l’eau. Nous avons déjà bien avancé dans cette voie mais il nous reste à acquérir les usines de production d’eau potable qui appartiennent à Suez. Dans le cadre de la sanctuarisation de 1 000 ha d’espaces agricoles et d’Enaf, nous avons élaboré une stratégie agricole, alimentaire et territoriale pour accompagner les agriculteurs dans leur mutation agroécologique. La protection de la biodiversité constitue un autre axe prioritaire de notre action.
Quels sont les projets urbains les plus emblématiques du territoire ?
Nous menons de gros chantiers d’aménagement de nos cœurs urbains
En plus de nos neuf quartiers NPNRU, nous menons de gros chantiers d’aménagement de nos cœurs urbains, en particulier celui d’Evry-Courcouronnes : il s’agit de réouvrir l’ensemble des équipements publics et privés sur la ville, de casser des dalles pour faciliter la visibilité, la sécurité mais aussi la mobilité. Nous avons déjà restructuré la salle de spectacle, les Arènes de l’Agora, pour 35 millions d’euros, requalifié la place des Terrasses sur laquelle donne le centre commercial « Le Spot » (ex-Evry 2) qui a été agrandi dans le cadre d’un partenariat public-privé entre la communauté d’agglomération, la Ville et les promoteurs SCC-LSGI. Ce projet de requalification du centre d’Evry-Courcouronnes est loin d’être terminé. Sinon, le Carré Sénart poursuit son développement. Celui-ci s’articule autour de deux dominantes : culture/formation et santé/sport/bien-être. Le Carré Sénart a vocation à devenir le pôle de destination contemporain du sud francilien.
Vous avez évoqué l’adoption prochaine du Scot. L’agglomération s’est-elle déjà dotée d’un plan local de l’urbanisme intercommunal (PLUi) et d’un programme local de l’habitat (PLH) ?
Nous sommes en désaccord avec l’Etat sur l’objectif de production de logements
Non. S’agissant du PLUi, au regard de la création récente de Grand Paris Sud, nous manquons encore d’un peu de maturité collective pour élaborer un tel document. Quant au PLH, il ne devrait pas aboutir rapidement. Nous sommes en désaccord avec l’Etat sur l’objectif de production de logements. Il nous demande d’en réaliser 2 450 par an dont 800 à 850 de sociaux alors que nous en prévoyons moins de 2 000 par an dont 350 sociaux. Nous sommes prêts à construire des logements mais en accompagnement d’un développement économique soutenu et à la condition d’une présence renforcée de formations supérieures.
En 2017, avec Grand Paris Aménagement, vous avez créé Porte Sud Grand Paris, la première Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) de France. Quel bilan dressez-vous de cet outil d’aménagement ?
Un bilan positif de la SPLA-IN Porte Sud Grand Paris
La SPLA-IN aménage aujourd’hui la quasi-totalité des ZAC de Grand Paris Sud, hormis celles situées dans le périmètre de l’OIN de Sénart qui restent de la compétence de l’EPA et celles en voie d’achèvement dont le pilotage continue à être assuré par Grand Paris Aménagement (GPA), acteur historique du territoire. Aujourd’hui, nous dressons un bilan positif de la SPLA-IN : elle fonctionne bien même si, collectivement, nous disposons encore de marges de progression sur le volet développement économique. Par ailleurs, les élus de Grand Paris Sud revendiquent un poids un peu plus important au sein de cet opérateur : à ce stade, la communauté d’agglomération détient 49 % des parts et si le président est un élu, le directeur général est nommé par GPA avec la validation des élus.