Avec Nico Bouts de Nord-Sud Vélos, un Hollandais installé à Lille, qui a travaillé aux Pays-Bas sur les déplacements urbains et le vélo, vous réalisez pour Sénart le schéma des liaisons douces. Comment avez-vous travaillé ?
Tout d'abord, notre démarche est d'arriver à ce que les techniciens de la ville intègrent le raisonnement des utilisateurs de vélos, de leur transmettre ce savoir-faire d'une autre pratique de la ville. Pour Sénart, nous avons étudié la configuration de la ville nouvelle, les centralités, l'habitat, les pôles d'emplois, les flux et les itinéraires induits et l'organisation du trafic présent et futur. Et, bien entendu, avec un esprit critique les liaisons douces existantes.
Quelles sont les erreurs à éviter ?
Intégrer des pistes cyclables, ce n'est pas seulement de la voirie mais une réflexion sur le choix d'une politique urbaine, il faut arrêter de ne penser que voiture et déplacements. Les circulations douces, c'est aussi les piétons et les personnes à mobilité réduite, la piste cyclable ne doit pas prendre la place du piéton qui reste prioritaire.
Enfin beaucoup d'erreurs viennent du fait que la maîtrise d'oeuvre n'a pas une culture vélo. Les tracés sont courts, le réseau est inabouti et ne relie pas les pôles urbains principaux. Enfin la mixité vélos et piétons est gênante et ne permet pas aux premiers de rouler à une allure satisfaisante. De même quand une piste est étroite, il faut prévoir des trottoirs peu élevés pour permettre aux cyclistes de se rabattre. Une piste doit associer sécurité, commodité pour l'attraper; on doit y rouler à l'aise et y trouver une compétitivité en temps par rapport à la voiture.
Il faut aussi faire attention aux plantations et au mobilier urbain. Certains éclairages placés trop près des pistes demandent au cycliste de faire un écart.
Enfin, il est judicieux de penser aux itinéraires alternatifs pour éviter de se retrouver dans des voies de grandes circulations : petits chemins, passerelles, souterrains (à bonne hauteur, car on est plus grand sur un vélo). Pour cela, il faut une bonne étude du foncier.
Comment avez-vous résolu le problème du stationnement ?
Le type de stationnement va dépendre de la durée et de l'environnement. Là où il y a plus de passage, il y a plus de sécurité. Il faut éviter l'erreur de certaines villes qui ont installé des parkings vélos là où ça ne gênait pas, loin des pôles animés, ce qui fait que personne ne les utilise. L'autre aspect, c'est la masse. Entre garer quinze vélos ou cent vélos, l'effet est différent. En plus, il faut estimer les besoins entre visiteurs et usagers permanents pour les administrations ou les entreprises.
Il est indispensable également d'assurer l'intermodalité avec les transports en commun. Pour Sénart, nous allons proposer des parkings relais multiservices à consigne manuelle ou automatique. Enfin il faut éviter de créer de grands parkings pour les voitures (dans les ZAC comme dans les gares) qui sont de vrais aspirateurs, sinon on risque de se retrouver avec des parkings vélos vides.
Enfin, il faut savoir que l'on s'engage au moins sur 25 ans, il y a des urgences et des opportunités au fur à et à mesure qu'une ville se développe. Les Pays-Bas qui ont une expérience sur plus de vingt ans continuent à développer des réseaux cyclables.
Contact : Nord-Sud vélos à Lille au 03.20.54.66.95. Cyclomore à Pontoise, au 01.34.33.07.46.