C’est une première en France comme sur le plan mondial pour Alstom. Dans le cadre de la réalisation de la future ligne de tramway qui va relier l’aéroport au port de Nice, l'entreprise a mis au point un système innovant pour permettre la charge des tramways qui stationneront en gare. Son nom : le système de recharge statique (ou SRS).
Ce système repose sur le principe d’alimentation par le sol, ce qui signifie qu’il n’y a pas de caténaire, ni d’alimentation électrique aérienne. « C’est du mobilier en moins dans l’espace public, et c'est plus esthétique », commente Laurent Carrère, directeur tramway et mobilité durable à Nice Métropole Côte d’Azur.
Sortir des sentiers battus
Contrairement aux systèmes déjà installés dans les autres villes, ce système d’alimentation par le sol est ponctuel. En effet, jusqu’à présent, outre l’absence d'alimentation aérienne, il était question d’assurer une alimentation continue des rames en électricité, ce qui n’est plus le cas ici, puisque le tramway fonctionne en totale autonomie entre deux stations.
Le linéaire important (11,3 km, soit 70 km de rails) a poussé les porteurs de projets à s’orienter vers une solution qui sort des sentiers battus : « pour notre projet, le système d’alimentation continue par le sol – comme ce qui a été fait à Bordeaux - demandait une trop grosse maintenance. De plus, il aurait fallu ajouter un 3e rail, qui aurait empiété sur l’espace dédié à la mise en place de la voie verte », explique Vincent Martin, directeur de projet chez Egis Rail et maître d’œuvre.
Plot de recharge au sol
A noter également que le système en question n’a été appliqué que sur la partie en surface du tramway (8,1 km), et pas sur la partie souterraine (3,2 km). L'alimentation électrique des rames est assurée grâce à un système de patins (ou frotteurs) situés sous la rame.
Dès que celle-ci est à l’arrêt, les frotteurs vont se poser directement sur un plot de recharge présent au sol. « La mise en contact permet d’émettre un signal qui autorise la mise sous tension du plot, et donc la recharge des équipements embarqués à bord du train », détaille Céline Feugier, responsable du site de Vitrolles chez Alstom. La charge se fait très rapidement, puisqu’il ne faut que 20 secondes pour que celle-ci soit complète.
Economies d’énergies
« Il faut un niveau de courant élevé pour assurer la charge, de l’ordre de 1600 ampères. C’est quatre à cinq fois plus puissant que pour un courant continu, ce qui fait aussi toute la difficulté », complète Céline Feugier. Les systèmes de stockage électriques embarqués sur le tramway sont dotés d’une très grande capacité (13,5 kW/h), ce qui permet d’assurer leur autonomie en dehors des stations. « Nous utilisons des super-condensateurs qui emmagasinent l’énergie très rapidement, et qui accélèrent la charge », poursuit Vincent Martin.
Enfin, lors des phases de freinage, la rame récupère l’énergie utilisée pour ralentir le véhicule et recharger ses réserves. Elle réutilise ainsi une partie significative de sa propre énergie (environ 30 %), ce qui permet de générer des économies sur le réseau. Faut-il en conclure que le système de recharge statique par le sol (SRS) est plus efficace qu’une alimentation continue par le sol ? « Tout dépend de la solution qui est souhaitée par le client. En fonction du profil, l’une ou l’autre des solutions peut être plus ou moins adaptées », nuance Céline Feugier.