Ancien hôtel de la Monnaie, le Muséum d'histoire naturelle de Nantes (Loire-Atlantique) qui fêtera son 150e anniversaire l'année prochaine va être entièrement reconfiguré et agrandi à l'horizon 2028. A l'issue d'un concours de maîtrise d'œuvre qui a mobilisé 84 équipes, le jury a retenu à l'unanimité le projet de l'agence parisienne Moatti & Rivière avec La Fabrique Créative (scénographie). « A nos côtés, nous avons une équipe solidaire et engagée avec laquelle nous avons l'habitude de travailler », se réjouit l'architecte Alain Moatti. Et de citer Egis Bâtiment (bureau d'études et économie), Avel Acoustique, 8'18'' (lumière), Mugo (paysage), Greenaffair (environnement), Snoopp (dispositifs interactifs), C-album (signalétique), RC Audiovisuel…
Deux autres équipes étaient en compétition dans la phase finale : Kengo Kuma & Associates (avec Guicciardini & Magni Architetti, scénographes associés) et l'agence Goutal (avec Nathalie Crinière). « Le projet proposé par Alain Moatti nous a paru d'emblée correspondre à ce que l'on souhaitait. On sent le respect du patrimoine et la projection vers l'avenir à travers lui », apprécie Philippe Guillet, le directeur du Muséum. Validée par un vote au conseil métropolitain du 28 juin, la phase d'études va pouvoir démarrer en vue de déposer un permis de construire à l'été 2025. Les travaux, qui seront lancés en lots séparés, devraient durer au moins deux ans.
Agora des sciences. « Avec ce nouveau Muséum, nous voulons un projet engagé dans un monde frappé par l'effondrement de la biodiversité et par l'urgence climatique, a déclaré Johanna Rolland, maire de Nantes, présidente de Nantes Métropole. C'est une nécessité dans une société où les vérités scientifiques sont de plus en plus remises en cause, où les idées fausses et les in-fox en tout genre gagnent du terrain. » Le projet architectural, qui aura comme fil conducteur la thématique « Habiter la terre demain », proposera un nouveau parcours hybride comprenant notamment une Agora des sciences, interface entre le public et le savoir scientifique.
L'accueil sera aménagé dans l'actuel auditorium qui retrouvera son dôme translucide. Il sera englobé dans un nouvel espace tout en bois gagné sur la toiture, avec une verrière partielle permettant de faire entrer la lumière naturelle. Les visiteurs accéderont à cet espace, point de départ du parcours muséal, par un escalier monumental, puis la déambulation se poursuivra dans les étages inférieurs.
La façade côté rue Voltaire sera surmontée par la verrière, en référence à l'architecture du XIXe siècle, tandis que celle donnant sur le jardin restera inchangée. « Nous nous sommes tenus aux gabarits d'origine, en nous contentant de compléter l'existant pour prolonger l'histoire », insiste Alain Moatti. La force de ce projet réside aussi dans son rez-de-chaussée, conçu comme un « espace public couvert » qui desservira une boutique ainsi qu'un nouvel auditorium ouvert au-delà des horaires du muséum.
Redessiner le quartier autour de l'art et de la culture. « Notre première intention a été que les promeneurs du centre-ville puissent traverser le bâtiment sans billet, entre la rue Voltaire et le square Louis-Bureau qui doit devenir l'une des salles extérieures du musée », explique l'architecte. Pour Johanna Rolland, avec son rez-de-chaussée ouvert et son offre muséale amplifiée, « ce projet va contribuer à redessiner une partie de ce quartier, centrée sur l'art et la culture avec le nouveau musée Dobrée voisinet plusieurs galeries qui se sont déjà installées », assure-t-elle.