Le secret était bien gardé. Et si le nom de l’équipe lauréate avait été annoncé le 18 décembre dernier (équipe classée première à l’unanimité du jury), aucune image n’avait filtré. C’est dire si la présentation de ce projet structurant pour la métropole nantaise était attendue.
La surprise est bonne. Dès les premières explications, le projet proposé par l’équipe Art and Build Architectes, Pargade Architecte, Artelia et Signes Paysages sonne comme une évidence. Le principe d’organisation est fondé sur un plateau technique central (centres opératoires et imagerie) relié à des blocs «satellites» comme l’entrée principale à l’Ouest, les urgences et les soins critiques au Nord, les hébergements au Sud ou la logistique à l’Est. Une grande allée-jardin part du hall principal et dessert les halls publics des cinq pôles hospitalo-universitaires. Cette organisation favorise l’accessibilité tout en permettant une bonne hiérarchisation des flux avec les piétons au rez-de-chaussée et les malades couchés au 1er étage.
«L’hôpital de demain se doit d’être en phase avec la société et les tendances de fond qui l’animent, de comprendre l’évolution du rapport de l’homme à sa santé, des nouvelles pratiques médicales et des soins qui en découlent. Ce postulat a influencé sa conception, depuis l’administration du patient jusqu’à la sécurisation des approvisionnements logistiques» explique Charlotte Pijcke, architecte chez Art and Build.
Projet urbain
Conçu comme un projet urbain qui s’inscrira dans un véritable quartier hospitalo-universitaire de centre-ville, cet hôpital tranche avec les équipements de même type construit ces dernières années. L’espace public est l’un des composantes essentielles de ce nouvel hôpital qui est conçu pour être ouvert sur la ville. Nécessairement hermétique en son cœur (noyau technique), l’équipement s’ouvre progressivement à mesure que l’on s’éloigne de son centre. Toutefois, pour des raisons de sécurité, il pourra être partiellement clos, notamment la nuit.
«Nous avons toujours eu à cœur que le CHU soit conçu comme le moteur de l’île de Nantes et non pas un monstre comme certains ont pu le craindre» explique Marcel Smets, urbaniste en charge de l’île de Nantes. «Nous avons tout de suite adhéré à cette idée avec un maillage de rues, de places, de jardin» complète l’architecte Jean-Philippe Pargade, qui signe avec Caroline Rigaldies un point de vue sur l'hôpital du futur.
De fait, les architectes ont su intégrer cette construction géante (225 000 m2 sur une emprise totale de 10,1 hectares) dans le projet urbain. Pas d’immeuble de grande hauteur mais une différenciation des hauteurs; des discontinuités et des perméabilités visuelles; un front bâti en recul par rapport à la limite du périmètre…
Le nouvel hôpital présente des façades urbaines qui accompagnent les alignements de l’îlot définis par les urbanistes. Mais chaque façade sera spécialisée pour créer des identités architecturales et faciliter l’orientation des usagers et des professionnels. Ainsi, chaque point d’entrée possédera sa propre identité.
Performances ambitieuses
Côté technique, les performances énergétiques envisagées sont ambitieuses avec une consommation prévue de 150 KWh/m2/an (contre 400 en moyenne aujourd’hui). «Nous allons utiliser le réseau de chaleur, mais aussi de la géothermie sur nappe et des pieux énergétiques» détaille Sonia Lugassy, chargée du développement du secteur de l’ingénierie et des marchés publics chez Artelia Bâtiment & Industrie. Le bâtiment devrait privilégier l’usage du bois, en façade notamment. Enfin, sachant qu’un lit consomme 600 litres d’eau par jour, une attention toute particulière sera accordée à cette question.