Fin 2024, l'équipe de maîtrise d'œuvre urbaine de l'île de Nantes constituée autour de Jacqueline Osty (paysagiste-urbaniste, mandataire) et Claire Schorter (architecte-urbaniste) aura terminé sa mission. Tout au long de l'année, la Samoa, aménageur de ce site de 337 ha, organise une consultation sous la forme d'un dialogue compétitif qui débouchera sur la désignation d'une nouvelle équipe en décembre. Portant sur un secteur de 31 ha au sud-ouest de l'île, le projet urbain devra refléter la stratégie climat adoptée par la Samoa. « Les futurs maîtres d'œuvre devront également intervenir sur l'existant et travailler en coproduction avec les habitants et les usagers », complète Virginie Vial, directrice générale de la Samoa depuis avril 2022.
Ce nouveau chapitre, placé sous le signe de l'urgence climatique, invite à rembobiner l'histoire de ce territoire d'expérimentations urbanistiques. Au terme d'un passionnant marché de définition, aux côtés de la Samoa créée en 2003, le groupement mené par Alexandre Chemetoff le fait évoluer de 2000 à 2010 dans une démarche très respectueuse de l'histoire des lieux. Porté par une dimension culturelle forte, le site devient un vaste laboratoire urbain. Le parc des Chantiers voit le jour et les anciennes nefs Dubigeon sont notamment reconverties pour accueillir les Machines de l'île et leur célèbre éléphant.
S'ouvre ensuite une nouvelle ère, moins lisible puisque les équipes qui suivent ne vont jamais au-delà de leur mandat de quatre ans. Entre 2010 et 2016, avec l'intervention des urbanistes Marcel Smets et Anne Mie Depuydt (agence Uaps), l'île est appelée à prolonger le centre-ville, irriguée par une « figure paysagère » qui fédère les différents quartiers. L'arrivée du CHU donne l'occasion de repenser les transports en commun à l'échelle de la métropole. Les anciennes halles Alstom deviennent peu à peu le quartier de la création, regroupant des industries culturelles et créatives, tandis qu'à l'ouest, des commerces viennent animer celui de la Prairie-au-Duc, encore perçu par beaucoup de Nantais comme une muraille de béton malgré la qualité de ses logements.
Des jardins et du bois. Depuis 2017, l'équipe conduite par le tandem Osty-Schorter tente de gommer cette image en renforçant la présence du végétal (trame paysagère, conception des jardins de l'Estuaire, jardin du Rail) et en donnant naissance au quartier République d'inspiration faubourienne et aux exigences environnementales fortes avec une utilisation massive du bois. Jouxtant le spectaculaire chantier du CHU avec sa douzaine de grues, ce quartier verra ses premiers habitants s'installer mi-2024. Les deux femmes ont également préparé l'arrivée des futures liaisons de transports en commun (lignes 6 et 7 de tramway, ligne 8 de busway électrique) attendues fin 2027, pour la livraison de l'hôpital.
La suite de la transformation de l'île s'écrira donc avec un nouveau groupement, le troisième en moins de dix ans. Le lauréat devra à la fois renforcer la cohérence entre les différentes visions passées et incarner la future « bifurcation écologique » voulue par Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole.