Nancy ouvre les premiers bassins de son complexe thermal

Nancy concrétise son souhait de devenir une ville d’eaux, un projet esquissé à l’aube du XXe siècle, mais laissé inachevé par la Grande Guerre.

Ce 1er avril, l’exploitant Valvital ouvre les premiers bassins du complexe Nancy Thermal après trois ans et demi de travaux. Au total, 97 millions d’euros HT ont été engagés dans la réhabilitation et l’extension des bâtiments thermaux inaugurés en 1913 et inscrits depuis novembre 2020 au titre des monuments historiques. L’ouverture au public des bassins de loisirs (piscine olympique, bassins extérieurs, etc.) constitue le préambule à celle du spa, le 15 avril, puis de l’espace de cure thermale, le 15 mai.

Mathieu Klein, président du Grand Nancy, rend hommage à son prédécesseur, André Rossinot « qui a voulu reprendre l’aventure du thermalisme ». L’élu évoque également un « projet de territoire » redonnant ses lettres de noblesse à un quartier militaire et administratif de l’ouest nancéien, en partie redessiné par la construction du campus pluridisciplinaire Artem de 2003 à 2017.

Sur le plan architectural, le challenge était double pour Anne Démians, l’architecte de Nancy Thermal associée à Nicolas Chabanne et Pierre-Antoine Gatier. L’enjeu consistait à bâtir un programme compact sur un foncier de 3,7 ha et à prolonger l’entrée monumentale de l’édifice néoclassique par une seconde aile ; une aile prévue dans les plans initiaux, il y a plus de cent ans, mais non réalisée. Anne Démians a souhaité que « le bâtiment moderne vienne sertir le bâtiment ancien pour mieux le révéler ». Son parti pris est celui d’une écriture « en négatif » de l’aile originelle : Les nouvelles façades habillées d’aluminium thermolaqué noir répondent au béton-pierre de couleur claire de l’édifice historique. De même, les grandes ouvertures de l’extension créent des lignes horizontales qui contrastent avec les colonnades d’origine.

Eau puisée à 35 °C

Le chantier engagé à l’automne 2019 par Bouygues Bâtiment Nord-Est a pu tenir les délais, malgré les aléas de la pandémie de Covid-19 et la résiliation du contrat de concession prononcée le 9 juillet 2021 par le tribunal administratif de Nancy. L’accord négocié avec les requérants – l’association locale Le Bien commun, ainsi que trois élus – a permis la poursuite des travaux tout en faisant évoluer l’actionnariat de la société lauréate de la délégation de service public vers une société d’économie mixte locale détenue à 85 % par le Grand Nancy, à 10 % par la Banque des territoires et à 5 % par Valvital.

Si le gros œuvre a été marqué par l’installation spectaculaire d’un dôme en structure bois de 14 tonnes (hauteur de 15,50 m et diamètre de 18,40 m), le second œuvre a également eu droit à sa liste superlatifs, à l’instar de la pose de 26 000 m2 de carrelage (terrazzo, mosaïque, grès cérame, etc.) pour 4 millions d’euros HT.

Le lot de chauffage-climatisation revêt une importance capitale dans le projet Nancy Thermal, avec 4 500 m3 d’eau répartis sur l’ensemble des bassins et 15 830 m2 de bâtiments à chauffer. La mise en eau des bassins opérée ces derniers mois a permis de mesurer l’efficacité des installations techniques pour le maintien en température de l’eau puisée à 800 m de profondeur à 35 °C, mais aussi le bénéfice d’un raccordement au réseau de chauffage urbain de l’agglomération, ainsi que la récupération des calories des deux groupes froids. De quoi assurer pour les décennies à venir la pérennité du nouveau projet thermal de Nancy, qui vise une fréquentation de 15 000 curistes chaque année.