Muttersholtz investit tous les champs de protection

Ruralité -

Fiscalité, agriculture, logement… le village alsacien mixe les approches pour préserver le vivant, jusqu'à intégrer à son PLU les trames verte et bleue.

 

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Lors de l’attribution de parcelles communales à un nouvel agriculteur, la municipalité réserve 10% du foncier à des zones naturelles.

Le courlis cendré remontrerait le bout de son bec à Muttersholtz (Bas-Rhin), à 40 km au sud de Strasbourg. La réapparition de cet échassier menacé de disparition en Alsace récompense la politique de préservation de la biodiversité engagée il y a douze ans par cette commune de 2 000 âmes installée dans une zone humide remarquable. Le maire, Patrick Barbier, était parti du constat que, pour favoriser la biodiversité, il était indispensable de sauvegarder les espaces naturels. « Or la surface artificialisée de notre commune avait été multipliée par trois depuis les années 1950 », souligne l'élu. Sur la base d'une étude réalisée par l'Office des données naturalistes du Grand Est menée entre 2009 et 2010, l'édile a commencé à déployer une série d'actions en matière d'aménagement et d'occupation du foncier, une stratégie qui lui a valu le titre de « Capitale française de la biodiversité » (1) en 2017.

La municipalité a ainsi démarré par l'intégration à son plan local d'urbanisme (PLU) de trames verte et bleue, des corridors écologiques destinés à favoriser la circulation des espèces animales et végétales. Parmi les mesures, elle a décrété une inconstructibilité totale dans les zones humides et les forêts, le recul de la constructibilité de 6 m le long des cours d'eau en agglomération ainsi que la création d'emplacements réservés pour renforcer les continuités écologiques notamment en zone céréalière.

Afin de préserver sa dynamique démographique, le village a mis en place une politique de lutte contre la vacance des logements. Et depuis, la demande immobilière semble se réorienter vers le centre-bourg, où « une vingtaine de chantiers de rénovation d'habitats anciens sont en cours », se félicite Patrick Barbier.

Parallèlement, la commune agit sur les 300 ha de foncier en sa possession, essentiellement des surfaces agricoles, sur un total de 1 260 ha. Elle mobilise les outils réglementaires (paiements pour services environnementaux, obligations réelles environnementales et baux environnementaux) en vue d'accroître les zones naturelles. « En contrepartie de compensations financières, nous négocions par exemple qu'une prairie soit fauchée le plus tardivement possible, ce qui préserve les habitats des animaux », illustre l'élu local.

Huit communes s'engagent. Muttersholtz a également profité de départs à la retraite d'agriculteurs cultivant des terrains communaux pour reprendre la maîtrise de 10 à 15 % de leurs surfaces en vue d'y aménager des haies, des bandes herbeuses, etc. Lors de la réattribution des parcelles agricoles, elle a exonéré de loyer les exploitants en agriculture biologique. Depuis 2014, environ 7 ha auraient ainsi été remis à l'état naturel ou en prairie et 30 à 40 ha convertis en « bio ».

Si l'impact de ces mesures sur la biodiversité n'a pas été encore évalué, la réapparition d'espèces comme le courlis cendré conforte l'action communale. Afin de massifier sa politique, le maire a convaincu huit collectivités environnantes de répondre ensemble à l'appel à projets « Trame verte et bleue 2022 » initié par la région, les agences de l'eau et la Dreal Grand Est.

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Date de réponse 10/10/2025