Mutations industrielles La biotechnologie reformule l’agglomération

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Pour attirer à Bâle la matière grise du monde entier dans le domaine de la recherche pharmaceutique, Novartis mise sur la qualité architecturale, comme en a témoigné l’exposition présentée jusqu’au 1er janvier par le musée de l’architecture suisse, au centre-ville. Accolé à la frontière française, le site Saint-Jean se libère peu à peu de toute production pour laisser place au « campus du savoir et de l’innovation ». Le processus s’étalera sur 30 ans et mobilisera des milliards d’euros. « Il s’agit non seulement d’un projet artistique, mais aussi politique et idéologique. Les racines et les ambitions de l’entreprise doivent recevoir une expression architecturale », proclame l’architecte Vittorio Magnano Lampugnani, auteur du schéma directeur.

Diversité et cohérenceau campus du savoir. Depuis 1886, le site Saint-Jean s’était développé en un ensemble hétéroclite de 20 hectares. Y pénétrer aujourd’hui depuis la France par la Hüningerstrasse, son axe médian bordé d’infranchissables grillages, évoque irrésistiblement le décor de « Check Point Charlie » à Berlin, pendant la guerre froide.

Signal des quartiers nord en pleine recomposition, le campus restera toutefois fermé au public. Très utilisée par les salariés français travaillant à Bâle, la Hüningerstrasse disparaîtra en 2009, mais l’industriel s’est engagé à proposer « un bon axe alternatif ».

« Deux options se présentaient à nous : construire des immeubles protégés comme à Boston, ou favoriser la circulation entre les immeubles plus petits en sécurisant un périmètre », justifie Michaël Plüss, directeur de Novartis Suisse.

Le rédacteur du « master plan » entend garantir la cohérence d’ensemble par « le traitement homogène des rues ; les nouveaux bâtiments devront entrer en dialogue, voire en controverse entre eux ». Les concepteurs veilleront à leur adaptabilité aux changements à venir. La diversité des formes reposera sur une partie du Who’s Who de l’architecture mondiale, dont Tadao Ando et Franck Gehry.

« A long terme, notre vision s’étend des deux côtés de la frontière », assure le directeur de Novartis Suisse, qui possède 230 ha en France. A plus court terme, l’extension du campus bénéficiera du déménagement du plus ancien port de Bâle (Saint-Jean) et de la concentration des activités portuaires de l’agglomération à Hafenbecken II (à Bâle ville) et à Auhafen (commune de Muttenz, à Bâle campagne).

Novartis ambitionne de s’inscrire parmi les institutions culturelles et éducatives locales, comme le montre son offre pour l’accueil d’une antenne de l’école polytechnique fédérale de Zürich (ETH) spécialisée dans les biotechnologies, sur un site proche du pont Dreirosenbrücke. Cette option économiserait la charge foncière aux deux cantons de Bâle, mais se heurte au manque de consensus entre les acteurs locaux des sciences de la vie.

Roche crée l’événementurbain. Malgré la volonté d’ouverture manifestée par la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre du campus du savoir, l’image d’une « ville dans la ville », voire « d’un Etat dans l’Etat », ne disparaîtra pas du jour au lendemain : « Nous n’avons que peu d’influence sur les décisions de Novartis, alors qu’une longue pratique de partenariat nous lie à Roche », témoigne Fritz Schumacher, architecte cantonal de Bâle ville. Concurrent de Novartis, sur la scène mondiale de la biotechnologie comme sur la scène locale de l’urbanisme, Roche a choisi, dès 1997, de s’appuyer sur l’agence d’architecture Herzog et De Meuron, qui, dans sa discipline, joue également dans les cours internationale et bâloise.

Une dizaine d’années de réflexions ont précédé l’événement urbain et architectural révélé à la fin de l’été 2006 : sur 160 mètres, la plus haute tour de Suisse développera la métaphore de brins d’ADN (voir page 29).

Au creux du coude du Rhin qui donne son identité à Bâle et proche de la foire également en pleine métamorphose, le programme s’apparente à un manifeste pour la densité urbaine et à un résumé du développement bâlois : « La recomposition simultanée des sites de Roche et de la foire nous donneront l’occasion de développer des propositions sur les retombées locales des fonctions mondiales de la ville », annonce Jacques Herzog.

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