MUSIQUE Pour une réverbération éclatée

Des panneaux absorbants sans trous pour une meilleure restitution du son.

Le théâtre de la Cité, à Toulouse, comportera deux salles (300 et 903 places) et une salle de répétition. L'édifice est construit sur une emprise limitée, bloquée entre deux rues. Son architecte, Alain Sarfati, l'a conçu comme un vaisseau tout en longueur ; d'où l'utilisation de plaques de métal de couleur rouille, décorées par un artiste peintre, sur les parois intérieures et sur les poteaux du hall d'entrée.

« Il fallait éviter la superposition des deux salles, car cette configuration ne permet pas de résoudre de façon satisfaisante les problèmes d'acoustique, et il existe quelques contre-exemples », explique Jean-Paul Ribes, architecte de l'Arua, chargé de l'opération.

« La grande salle est très compacte, explique Alain Tisseyre, acousticien. Le plus éloigné des spectateurs sera à moins de 20 m de la scène. » Elle comporte deux galeries latérales - « une disposition intéressante qui facilite l'habillage de ces parois toujours difficiles à traiter », souligne Jean-Paul Ribes - et des balcons.

Pour isoler la cage de scène et construire une boîte indépendante, les concepteurs ont exploité la présence des joints de dilatation. Quant à la salle, « dans une telle configuration, avec un plafond incliné, l'objectif acoustique est d'obtenir une réverbération assez élevée », souligne Alain Tisseyre.

Moduler l'absorption

Le traitement est assuré par trois séries de panneaux de nature acoustique différente, mais visuellement identiques. La première compte des panneaux de bois, lasurés en bleu, percés de trous non débouchants de couleur noire, à fonction plus esthétique que technique. La deuxième série de panneaux en aggloméré dur classé M1, surfacés d'un voile de polyester, subit une impression lasure de même couleur que la première série (impression du veinage bois par frappage) et une impression restituant l'aspect percement. Enfin, en partie haute, une troisième série de même esthétique est constituée de panneaux absorbants, là où il n'est pas possible de les incliner. Le plafond est couvert de la même façon selon un calepinage complexe.

« Nous avons retenu des panneaux absorbants sans trou, explique Alain Tisseyre, car les panneaux percés créent un effet très sélectif des fréquences, qui nuit à la restitution du son par la salle (dans le domaine de la musique, par exemple).

Si le choix de ces derniers peut se justifier dans les lieux où la parole prédomine, il est fortement déconseillé pour les salles de musique. Le traitement de la scène est conçu comme celui d'une salle de répétition, et seul le côté cour est muni de panneaux absorbants, ainsi que le plafond, ce qui permet d'éviter le retour et d'amoindrir les bruits de la machinerie.

Ces dispositifs permettent l'équilibre des réverbérations cage de scène/salle, et évitent le phénomène de salles couplées. La salle de répétition, de son côté, est une vraie boîte dans la boîte, construite au-dessus de la salle de 300 places. Elle est couverte de panneaux mi-absorbants sur les murs, et en plancher, posée sur des plots.

FICHE TECHNIQUE

Maître d'ouvrage : ville de Toulouse.

Maîtrise d'oeuvre : Alain Sarfati, architecte ; Arua, chargé d'opération.

Etudes acoustiques : Alain Tisseyre.

BE : Betem, Laumond Faure.

Scénographes : MM. Rioualec et Guignard.

Entreprises : Bisseuil, ETP, Battut, Brousse.

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