Municipales 2020 à Montpellier: des enjeux de taille et un paysage politique atypique

Dans la septième ville de France dont le cœur a toujours penché a gauche, l’issue des urnes est incertaine. Philippe Saurel, le maire actuel divers gauche, est entré tardivement en campagne après une opération du genou et refuse les débats avant le premier tour.

Face à lui, figurent une architecte, tête de liste Europe Ecologie Les Verts (Coralie Mantion) et une fortune du BTP sans étiquette (Mohed Altrad). Mais aussi la favorite des sondages (Clothilde Ollier) privée d’investiture et au final, plusieurs candidats autour des 10 % d’intention de vote avec une forte poussée des listes citoyennes et écolos.

Les points forts du maire sortant ? La rénovation du centre-ville ou des réalisations d’envergure comme le centre d’art contemporain MoCo.

Néanmoins, des projets restent en suspens : annulation de la procédure de modernisation de la station d’épuration Maera, incertitudes sur la localisation du nouveau stade de football et sur le devenir des ZAC Cambacérés et Ode à la Mer, non-desserte à ce jour de la nouvelle gare TGV par le tramway, retard de la ligne 5 du tram...

Logement et économie, même combat

« L’agglomération de Montpellier souffre d’un déficit de production annuel de 1800 logements. Or elle doit faire face à l’arrivée de 6 000 nouveaux habitants par an » résume Norbert Bachevalier, président de la Fnaim34 et représentant de l’association ABCD.

Si à l’extrême, Alex Larue propose deux ans de pause dans les permis de construire, vouloir mettre un frein à la production de logements neufs paraît utopique. D’autant que le bâtiment reste le premier employeur privé de l’Hérault, département où le taux de chômage atteint 13,2 %.

Social, mode d’emploi

Compte tenu de ses revenus, 70 % de la population peut prétendre à l’attribution d’un logement social. Le secteur privé qui assure 50 % de la production, le fait à perte en secteur tendu (1900-2000 euros le m²) et doit en contrepartie, augmenter le prix de vente du logement libre (plus de 5 000 euros le m²). Les promoteurs tirent donc la sonnette d’alarme : imposer systématiquement 27 à 30 % de logement social n’est plus possible.

Plus verte la ville

Chacun y va de sa solution. « Il faut arrêter de bétonner et d’artificialiser les sols pour maintenir des ceintures vertes luttant contre les îlots de chaleur, et végétaliser en créant par exemple une forêt urbaine dans le quartier Cambacérès » note Coralie Mantion.

« Ce n’est pas en plantant des arbres qu’on mettra la ville à l’ombre... Pour qu’il y ait une réalité écologique, il faut d’abord une réalité économique et sociale » estime Patrick Vignal. « Comment va-t-on arroser tous ces arbres ? » interroge Alex Larue tandis qu’Olaf Rokvam se focalise sur les eaux grises : « trouvons un moyen de les collecter et de les retraiter pour les réserver à certains usages. »

Infrastructures versus vélo

Point saillant des débats dans une ville embouteillée : la mobilité. Quand certains veulent finir la déviation est et le contournement ouest de Montpellier afin de sortir du trafic de transit, les verts affichent leur volonté de stopper les projets routiers pour investir dans les mobilités douces à commencer par les pistes cyclables.

Michael Delafosse va jusqu’à envisager la gratuité des transports en commun et Mohed Altrad veut donner à la ville « le plan de circulation qu’elle n’a jamais eu ». Des modèles de quartiers mixtes, connectés aux réseaux de transport et offrant des solutions d’intermodalité, d’autopartage et des parkings mutualisés font consensus.