Elu au second tour avec 58,33 % des voix, Roland Ries (PS) remet en cause le projet de foire exposition à l’Ouest. Il souhaite développer le tram-train vers Obernai et Haguenau.
Le projet de la foire exposition donnera à Roland Ries l’une des premières occasions de marquer sa différence. L’approbation de cet investissement de 150 millions d’euros pour 50.000 m2, lors des dernières sessions municipale et communautaire, avait fait sortir le sénateur socialiste et nouveau maire de Strasbourg de son habituelle placidité. "On transfère en périphérie une surface identique à celle de l’équipement existant, sans même avoir posé la question : pour quoi faire ? La foire généraliste, conçue dans les années 20, a-t-elle encore sa raison d’être aujourd’hui ?" L’attachement du nouveau maire à la coopération transfrontalière devrait favoriser l’écoute de son allié Alain Jund, chef de file des Verts qui propose : "Au-delà de la seule agglomération de Strasbourg, la question de la foire-exposition doit se poser à l’échelle de l’Eurodistrict, pour répondre aussi aux besoins de Kehl et d’Offenbourg".
Les quartiers, forces de proposition
La reprise du débat sur la foire-exposition constituera un test pour la nouvelle démocratie locale, souhaitée par Roland Ries. Tout en s’interdisant de remettre en cause des opérations déjà engagées, il espère que les conseils de quartier favoriseront l’émergence de nouveaux "équipements de proximité". Le maire entend décliner sa volonté de dialogue avec les milieux professionnels et institutionnels : "Comment juger la qualité architecturale ? Entre les écueils du pouvoir personnel et de la technocratie, je suis favorable à la mise en place d’un lieu de discussion avec les architectes, pour affiner cette approche". Les nouveaux élus expriment la même volonté de dialogue en direction du conseil régional d’Alsace, malgré les frontières politiques entre les exécutifs : "Je déplore l’absence de la CUS dans la stratégie économique globale de la région Alsace", regrette Jacques Bigot, successeur probable de Robert Grossmann à la présidence communautaire, après sa réélection, ce 9 mars, à la mairie d’Illkirch-Graffenstaden.
L’importance de la méthode, dans la campagne de Roland Ries, ne l’a pas empêché de fixer des objectifs chiffrés dans le domaine du logement. Déterminé à construire avant de démolir, le nouveau maire fixe la barre à 1.500 logements sociaux par an, pendant son mandat. "La règle des 20 % s’appliquera à la totalité de nos programmes", s’engage l’élu. La création d’un office foncier permettra de franchir le principal obstacle identifié à la libération de terrains destinés à l’habitat.
Un tram train nord-sud
Complémentaire de la politique du logement, l’ambition environnementale inspirera la construction des nouveaux quartiers sur les Fronts de Neudorf : pour la liste des Verts, l’urbaniste Paul Andreieff a développé l’idée de l’ "Ecoquartier du Danube".
Principal acteur politique de la renaissance du tramway aux côtés de Catherine Trautmann entre 1989 et 2001, Roland Ries donnera un nouveau coup d’accélérateur aux transports doux : la ville et la communauté urbaine mettront tout leur poids dans la mise en œuvre du tram-train vers Obernai. A cette ligne Est Ouest, le nouveau maire ajoute un projet Nord Sud, entre Haguenau et Erstein.
Plus inattendu de la part d’un maire socialiste, Roland Ries entend également montrer l’exemple à ses prédécesseurs en matière de développement économique. "Il n’y a plus de chef de service chargé de ce sujet à la communauté urbaine, ce qui contribue à la stagnation de nos bases fiscales. Strasbourg peine à produire de la richesse", déplore le nouvel élu, qui propose la création d’une société d’économie mixte spécialisée dans l’immobilier d’entreprise.
Prolongement de ce discours et illustration de l’engagement transfrontalier de la nouvelle équipe, Roland Ries relancera la proposition phare du rapport qu’il avait remis en 2001 à Lionel Jospin, au sujet du rayonnement européen de Strasbourg : créer une zone défiscalisée associant Strasbourg et Kehl, pour attirer les sièges sociaux européens et faire de l’agglomération transfrontalière une "Washington DC au bord du Rhin".
Laurent Miguet, bureau du Moniteur de Strasbourg
Retrouvez dans Le Moniteur "spécial élections municipales" du 20 mars, un dossier de 22 pages avec les grands chantiers à venir des nouvelles équipes municipales des principales villes de France.