Mobilisation à Fontainebleau pour sauver une halle en béton armé

Confié à l’agence Patrick Chavannes, le projet de reconfiguration de la place de la République à Fontainebleau nécessite la démolition d’une halle conçue par Henri Bard et Nicolas Esquillan. L’ingénieur Michel Virlogeux, l’historien Jean-François Cabestan se mobilisent aux côtés d’associations de défense du patrimoine pour empêcher sa disparition. 

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La halle du marché Saint-Louis au coeur de la polémique

La municipalité de Fontainebleau veut transformer la place de la République en une véritable place de centre-ville. Deux volets à ce projet. D’abord, l’aménagement de l’espace public (arbres, fontaines sèches) et la construction d’une nouvelle halle de marché (7 millions d’euros). Ensuite, l’extension (225 places) d’un parking souterrain, passant à 509 places (8 millions d’euros) Objectif : retrouver la configuration ancienne de la place assortie d’une approche contemporaine de l’espace, redonner une place conviviale à la ville mettant en valeur l’Hôtel de la Mission (XVIIe siècle, inscrit en 1949).

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Le projet qui doit remplacer la halle Esquillan Le projet qui doit remplacer la halle Esquillan

«La halle du marché est une construction sobre de métal et de verre, légère et transparente. Nous avons voulu rappeler l’esprit des clairières de la forêt de Fontainebleau avec une canopée de verre permettant un jeu d’ombres et de lumière», explique Nicolas Van Bever (agence P. Chavannes). Mesurant 70 m de long, 22 m de large, la halle nouvelle, promise pour 2015 sur une emprise de 1 490 m², sera, pour dégager l’espace, située latéralement sur la nouvelle place. Le permis de construire devrait être déposé à la mi-mars.

Permis de démolir accordé

Mais le projet présente une difficulté. Pour disposer de l’espace, il faut démolir l’ancienne halle en béton armé, conçue en 1936 et réalisée en 1941, située au milieu de la place. Or il se trouve que c’est une œuvre de l’architecte Henri Bard (1892-1951) et de l’ingénieur Nicolas Esquillan (1902-1989), auteur de la fameuse voûte mince en béton du Cnit de La Défense. Apprenant que le permis de démolir a été signé (10 octobre 2012), architectes, ingénieurs, historiens montent au créneau pour empêcher sa disparition. «Avec son jeu de piliers effilé, sa voûte mince de 6 à 8 centimètres et ses pavés en verre Saint-Gobain, la halle apparaît comme un exploit technique sans renoncer à une véritable élégance», souligne l’historien Alexandre Gady, président de la SPPEF, association de défense du patrimoine (1).

Modèle de construction en béton armé ou bouchon urbain ?

Un point de vue partagé par l’ingénieur Michel Virlogeux : «  Un des plus beaux exemples de construction en béton armé d’entre les deux guerres» et par l’historien Jean-François Cabestan : «une coquille d’œuf en béton». Nicolas Van Bever, qui admet que la halle d’Esquillan présente des «qualités», répond que cette décision est mûrement réfléchie et que les habitants ne témoignent pas d’attachement particulier pour ce bâtiment.

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Le projet de nouvelle halle Le projet de nouvelle halle

«Ainsi, dit-il, cette halle en béton vampirise la place de la République et empêche de développer un espace qualitatif. Comme un bouchon urbain, elle dissimule l’Hôtel de la Mission. Si l’on veut faire une place efficace, on n’a pas d’autre choix que d’effacer cette halle, sorte d’aberration construite contre l’espace public.»

Recours devant le tribunal administratif

Deux recours ont été déposés par la SPPEF devant le tribunal administratif de Melun : l’un contre le permis de démolir pour «erreur manifeste d’appréciation» eu égard à la qualité supposée de l’édifice, et un référé suspensif car un appel d’offre pour la démolition vient d’être lancé. De son côté, un chef d’entreprise bellifontain, Bernard Bruche, président d’un collectif d’associations de commerçants et d’environnement, estimant que les règles légales de la concertation n’ont pas été respectées, a lui aussi déposé un recours. Si ces trois recours ne perturbent pas le calendrier initial, cette démolition devrait avoir lieu cet été.

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