La terre crue comme pilier d'une construction durable : la communauté de communes Moselle et Madon a pris ce parti pour son nouveau siège, à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle). Occupé depuis mai, le bâtiment de 2 000 m² en structure et bardage bois et isolation en laine de bois a recouru à la technique ancestrale de l'adobe pour mouler et maçonner 18 000 briques. Celles-ci composent les deux murs de refend séparant les bureaux de la vaste halle intérieure, sur deux niveaux.
« En tant que maîtres d'œuvre, nous voulons contribuer à crédibiliser la filière terre crue sur le territoire, car nous avons la conviction que ce matériau va occuper une place de plus en plus significative pour décarboner la construction », déclarent les architectes Benoît Sindt et Aurélie Husson, membres du collectif nancéien StudioLada en charge de ce projet d'un coût de 4,2 M€ HT.
Chantier participatif. Le façonnage des briques a été réalisé lors d'un chantier participatif avec 300 riverains, citoyens, écoliers, etc. De plus, une quinzaine de personnes, des maçons de l'entreprise de gros œuvre Drouot Bat mais aussi des particuliers, ont été formées au montage des murs proprement dits. La terre fournie dans un rayon de 20 km a été mélangée à du sable, de la paille et de l'eau avant d'être moulée et séchée.
Le BET spécialisé Amàco n'a pas pu puiser l'argile sur le terrain même du projet, les sols de cette ancienne zone industrielle et artisanale étant pollués. En revanche, la maîtrise d'ouvrage a pu cocher la case « recyclage du foncier » en bâtissant son siège sur une friche industrielle et en le faisant reposer sur la dalle d'une ancienne usine de métallurgie. Une partie de cette dalle encore visible a d'ailleurs été déconstruite pour laisser place à des noues paysagères d'infiltration des eaux pluviales, plantées d'espèces dépolluantes.
L'ambition environnementale du programme se double de la volonté d'ériger une architecture « signal » : le bâtiment s'apparente à une vaste halle habillée de bois et rehaussée par une toiture de tuiles rouges d'où émergent trois édicules reprenant les codes des « flamandes », des puits de lumière caractéristiques de l'habitat rural lorrain. Ceux-ci assurent une ventilation naturelle de l'atrium, réduisant de fait de moitié les installations mécaniques habituelles, qui sont cantonnées aux bureaux et salles de réunion.
Le bâtiment de Neuves-Maisons incarne le souhait des architectes de StudioLada de réinterpréter la construction vernaculaire, à l'instar de l'association du bois et de la terre crue qui n'est pas sans rappeler les techniques de la maison à colombages. Dans ses différents projets, le collectif a recours aux matériaux locaux et aux savoir-faire historiques des territoires. Cette démarche s'incarne dans deux réalisations emblématiques inaugurées en 2023 : le marché couvert de Saint-Dizier (Haute-Marne) et ses arcades en pierre d'Euville, et le gymnase Jean-Lamour à Nancy (Meurthe-et-Moselle) à la charpente monumentale en épicéa des Vosges.
