Nous voulons un quartier qui soit accueillant pour ceux qui arrivent et pour ceux qui sont déjà là. C'est par ces mots que Clément Rossignol-Puech, maire écologiste de Bègles et président de l'EPA Bordeaux Euratlantique, a démarré la réunion publique dans le cadre de la création de la future ZAC Bègles-Garonne, la troisième de l'EPA. Une réunion qui marque le premier échange entre les habitants et les représentants de l'équipe de maîtrise d'œuvre urbaine chargée de réaliser le plan guide d'ici cet été (1). Compte tenu de la spécificité de ce secteur de 80 ha constitué des quartiers Sembat (résidentiel), IBA (industriel) et de l'estacade, une infrastructure routière qui longe la Garonne et fait le lien entre la rocade et Bordeaux, l'EPA a tenu à faire une large place aux habitants dans la conception de ce morceau de ville.
En cette fin mars, ils sont une cinquantaine à vouloir échanger avec l'architecte Jean-Marc Bichat (Germe&JAM) et le paysagiste Christophe Delmar (Bruel Delmar). Les participants se montrent inquiets pour ce qu'ils considèrent comme leur « village » et questionnent rapidement sur l'équilibre financier de l'opération, l'inertie de la concertation, la hauteur des bâtiments, le risque inondation, la durabilité du modèle, les éventuelles réhabilitations, la mixité sociale… « C'est un premier retour avant des questions plus précises sur le projet », s'excuse presque Jean-Marc Bichat qui parle qualité des sols plutôt que hauteur de bâtiment. Effectivement, tout semble encore à construire.
Premières orientations. L'équipe de maîtrise d'œuvre a tout de même dessiné les premiers contours de cette future ZAC qui devrait accueillir environ 5 000 logements. « C'est le laboratoire de la ville de demain, reconnaît l'architecte, un site urbanisé, anthropisé, pollué, mais qui possède des qualités. Il n'y a aucune raison que cela reste figé. Nous allons montrer qu'il y a un intérêt à le développer. Le liant des trois secteurs sera la Garonne : elle va entrer dans la ville et créer des porosités en lieu et place des parkings et concessionnaires. » Une gestion de l'hydraulique à laquelle est habituée l'EPA, ainsi que Germe&JAM, lauréat du grand prix d'aménagement en 2015 pour l'opération Seine Gare Vitry, conçue en zone inondable. « Cela évitera la rupture entre la Garonne et la ville, séparées par l'estacade, et permettra la reconquête de sols fertiles », ajoute Jean-Marc Bichat.
Les autres vecteurs sont la hauteur, la libération des sols et la mixité d'usages. Ce dernier point pourrait fédérer les forces en présence, comme l'analyse Franck Faucheux, le directeur du projet : « Salariés et habitants veulent la même chose : des crèches, des lieux pour faire du sport, des restaurants… En termes de recrutement, c'est intéressant pour les entreprises. Restera à gérer la cohabitation du camion et du vélo cargo. » « La qualité de l'environnement de travail est un levier important du développement économique », confirme Jean-Marc Bichat.
Les orientations seront connues cet été, à l'issue de la concertation réglementaire. Les échanges entre habitants, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre vont se poursuivre, et deux comités, l'un scientifique, l'autre citoyen, continueront à nourrir le projet.
(1) Elle est composée de Germe&JAM, Bruel Delmar, Alto Step, Atelier Nathalie Roussel, AEU, ETC, ISL, Alphaville et Scène Publique.