Outils de retrait
Dépose au moyen d’une ponceuse ou d’un marteau burineur pneumatique
Lors de la dépose, si une ponceuse ou un marteau burineur pneumatique est utilisé(e), l’action de ces outils va avoir pour conséquence de séparer toutes les fibrilles constituant ces faisceaux qui vont alors se disséminer dans l’air.
EXEMPLE
La dépose au marteau burineur d’un fond de coffrage en amiante-ciment entraîne à l’impact un empoussièrement de plusieurs milliers de fibres d’amiante. Des mesures telles que l’aspiration et l’abattage à la source des fibres d’amiante deviennent donc indispensables.
Découpe au moyen d’un coupe-tube, d’une scie sabre ou d’un marteau ou burin
La découpe d’un conduit en amiante-ciment peut entraîner, suivant les outils employés, des émissions plus ou moins importantes de fibres d’amiante.
EXEMPLE
La mise en place de la collecte sélective des ordures ménagères amène souvent à modifier le local de stockage des poubelles en coupant le conduit de vide-ordure.
Suivant l’outil utilisé, la dissémination de fibres d’amiante dans l’air sera plus ou moins importante pour la découpe d’un conduit en amiante-ciment
> Qui doit effectuer les opérations de désamiantage ?
Méthodologie et techniques de dépose
Mécanisation
La mécanisation est une technique qui permet de retirer un MPCA en éloignant la zone de respiration de l’opérateur de la source d’émission. Elle réduit notablement l’effort physique.
Cette technique est ancienne, puisque dans les années 1990, le retrait de flocage de type Crocidolite, sur le premier immeuble de grande hauteur (IGH) de La Défense désamianté avant déconstruction, avait été réalisé en partie par mécanisation.
Le retrait des colles bitumineuses ou des ragréages est la plupart du temps réalisé à l’aide d’une rectifieuse munie d’une aspiration à la source. Quant aux enduits-ciments, ils sont souvent déposés à l’aide d’une raboteuse.
La mécanisation doit être recherchée à chaque fois que cela est possible. Toutefois, elle n’est pas applicable pour toutes les opérations. En effet, les machines permettant le retrait par mécanisation ne sont malheureusement pas conçues pour travailler en milieu hostile. D’une part, elles sont difficilement nettoyables et décontaminables et d’autre part, le conditionnement pour un transport en toute sécurité n’est guère facile, voire quasiment impossible.
Le plus gênant est que les interventions d’entretien/maintenance doivent être impérativement réalisées en zone confinée par du personnel formé au risque amiante et munis des EPI/APR adaptés. Le travail d’entretien avec masque, gants et combinaison étanche n’est pas forcément compatible avec des interventions relativement minutieuses.
EXEMPLE
La prévention contre l’inhalation de fibres d’amiante (taux d’empoussièrement ≈ 30 à 40 f/l), lors du rabotage de la couche de roulement d’une voie autoroutière, consiste à équiper la fraiseuse de chaussée :
– de jupes latérales ;
– de systèmes d’arrosage et/ou de brumisation d’eau pour rabattre les poussières émises ;
– d’une cabine en surpression alimentée en air filtré par un filtre THE.
REMARQUE
Les personnes fortement exposées ne sont pas celles qui réalisent et surveillent les opérations de rabotage, mais celles qui sont chargées de l’entretien et de la maintenance de ces machines. Malheureusement, la prévention contre les risques d’inhalation de fibres d’amiante pour ces intervenants n’est pour ainsi dire jamais prise en compte.
En termes de coût, la mécanisation est, encore aujourd’hui, une solution plus adaptée qui permet de protéger les intervenants, dans la mesure où ces derniers sont éloignés de la source d’émission.
À quelques rares exceptions près, la mise en œuvre de la robotisation est très limitée. Peut- être que les appels à projets lancés par le Plan recherche et développement amiante (PRDA) permettront de mettre en œuvre une robotisation efficace et acceptable financièrement.
Imprégnation à cœur des MpCa avec des agents mouillants
L’imprégnation à cœur ne peut se faire que sur des matériaux et produits sans liaison forte, tels que les tresses, calorifuges et flocages. Pour être la plus efficace possible, elle doit être réalisée avec de l’eau mélangée à un produit mouillant (tensioactif = savon ou détergent).
L’arrosage abondant du matériau ou produit est la méthode la plus utilisée avec un rapport temps de mise en œuvre/efficacité très performant.
Il existe des systèmes d’imprégnation par aiguille. Ce système est long à mettre en œuvre, alors qu’une humidification abondante couplée avec une aspiration à la source et/ou un abattage des poussières est tout aussi efficace.
Pour les revêtements de sol tels que les dalles vinyle-amiante, l’imprégnation à cœur étant impossible, le mieux est de détremper abondamment les dalles avec de l’eau mélangée à un produit mouillant (tensioactif).
Démontage des éléments par découpe ou déconstruction
L’enlèvement, dans son entier, d’un équipement ou produit contenant de l’amiante, puis son élimination dans un centre d’élimination de déchets dangereux sont à privilégier. En effet, cette méthode permet d’éviter la dissémination de fibres d’amiante dans l’air et donc de ne pas exposer les intervenants et l’environnement.
Lorsqu’elle peut être mise en œuvre, elle s’avère efficace et peu onéreuse. Elle doit donc être étudiée en tant que technique à part entière.
EXEMPLE
– Dépose, sur site, d’un châssis de fenêtre avec son allège en Glasal® et le mastic vitrier.
– Dépose de dalles de sol et de la colle bitumineuse contenant de l’amiante avec le parquet sur lesquelles elles sont fixées.
– Dépose des faïences murales et de la colle contenant de l’amiante en retirant l’enduit plâtre apposé sur la brique plâtrière à l’aide d’un marteau et d’un burin.
Abattage des poussières
L’abattage des poussières est réalisé au plus proche de la source de l’émissivité. La projection d’eau à l’aide d’un pulvérisateur de jardin n’est pas la solution la plus adaptée et la plus performante. Il est préférable de procéder à l’abattage, à l’aide d’un pulvérisateur de type Airless, avec de l’eau mélangée à un produit mouillant (tensioactif).
Aspiration des poussières à la source
L’aspiration des poussières à la source est réalisée avec des appareils équipés de filtre THE de type HEPA a minima H 13 et ayant un débit d’aspiration adapté à la source d’émission :
– pour les émissions très localisées (percement), elle est effectuée au moyen d’un aspirateur, ayant un débit d’aspiration d’environ 400 m3/h ;
– pour les empoussièrements plus diffus et plus importants (dépose de fond de coffrage en amiante-ciment), elle est effectuée au moyen d’une gaine raccordée à un extracteur ayant un débit d’aspiration d’environ 3 000 m3/h.
Cette méthode est très facile à mettre en œuvre, efficace et peu onéreuse. Elle doit donc être appliquée de façon systématique.
COMMENTAIRE
L’aspiration à la source est certainement l’un des moyens les plus efficaces de réduire l’empoussièrement au poste de travail. Le renouvellement d’air tel que prévu par le Code du travail (6 v/l, voire 10 v/h) est, dans un certain nombre de cas, une très mauvaise solution, puisque dans les faits les fibres d’amiante se dispersent dans toute la zone de travail, entraînant de ce fait une pollution généralisée. Il n’existe pas d’étude scientifique sur laquelle s’est basée la DGT pour justifier, dans son instruction DGT/CT2/2015/238, de l’augmentation du taux de renouvellement d’air de la zone traitée.
Sédimentation continue des fibres en suspension dans l’air
La sédimentation est un processus qui intervient dans l’atmosphère de la zone de travail, notamment par brumisation. Cette technique est très peu utilisée et son efficacité reste à démontrer.
COÛTS
Type de matériau ou produit amianté | Coûts des travaux de retrait (€ HT/m²) (1) |
Flocage sur des surfaces planes dans des locaux non nobles (parkings, hangars…) | 150 à 300 |
Flocage dans des locaux techniques complexes | 400 à 600 |
Dalle de sol | 40 |
Dalle de sol + colle | 80 |
Dalle de sol + colle + ragréage | 110 |
Enveloppe de calorifuge bitumineuse sur eau glacée | 80 |
Plaque ondulée en amiante-ciment sur toiture | 30 |
(1) Ces ratios sont valables pour une zone de travaux d’une surface d’environ 400 m². |
Coûts (€ HT/m 2) relatifs aux travaux de retrait en fonction du matériau ou produit amianté
Postes | % |
Main d’œuvre | ≈ 65 |
Fourniture/Achat/Déchets | ≈ 10 |
Métrologie | ≈ 25 |
Postes | % |
Préparation (base vie, énergie, extracteurs, sas..) | ≈ 10 |
Confinement (isolement, calfeutrement, mise en dépression) et pose film propreté | ≈ 20 |
Retrait | ≈ 35 |
Dépose confinement et repli | ≈ 10 |
Déchets | ≈ 10 |
Métrologie | ≈ 10 |
Répartition (%) des principaux postes inhérents à une opération de retrait
À ces coûts de travaux, il faut ajouter les frais concernant :
– les recherches de MPCA (repérage, analyses et investigations destructives) ;
– le déménagement des occupants ;
– les honoraires du maître d’œuvre ;
– le contrôleur visuel des surfaces traitées (pour retrait des MPCA figurant dans la liste A ou B) ;
– le laboratoire pour la mesure de seconde restitution (pour retrait des MPCA figurant dans la liste A ou B) ;
– les interventions du contrôleur technique et du coordonnateur SPS ;
– les travaux de remise en état.