Matignon veut porter à 14 ans l’âge minimum de l’apprentissage

Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a proposé lundi 7 novembre de porter de 16 à 14 ans l'âge minimum pour signer un contrat d'apprentissage; un projet de loi est toutefois nécessaire pour l'application de cette mesure.

"Ce que je propose, c'est que nous puissions avant 16 ans, c'est-à-dire dès 14 ans, pouvoir proposer l'apprentissage à des enfants qui visiblement n'ont pas le goût, n'ont pas l'envie, ou qui ont décroché ou qui ont quitté l'école", a déclaré le Premier ministre sur TF1 qui s’exprimait sur la révolte des banlieues. "Ca, c'est pour les enfants qui ont le plus de difficultés", a-t-il poursuivi.

L'entourage du Premier ministre a qualifié cette mesure de "révolutionnaire" mais cette décision ne fait pas l'unanimité parmi les représentants de l'artisanat en France.

Si les Chambres de métiers et de l'artisanat "répondront positivement à la demande du Premier ministre d'accueillir les enfants qui le souhaitent dès 14 ans" a indique mardi leur assemblée permanente (APCM), cette annonce a été critiquée par l'Union professionnelle artisanale (UPA), dont la Capeb fait partie.

Pour l'APCM, la limitation de l'âge d'accès à l'apprentissage était considérée depuis longtemps "comme un frein à l'apprentissage de certains métiers". Cette annonce "est donc une réponse sur le long terme", pour "une filière qui marche, avec plus de 80% de taux d'insertion à l'issue de la formation", et "qui a fait ses preuves en matière d'intégration et de resocialisation des publics en difficulté".

Mais de son côté l'UPA, même si elle est "satisfaite de constater que le rôle structurant de l'apprentissage est à nouveau mis en évidence", juge que l'abaissement de l'âge d'entrée "ne peut constituer une réponse pérenne aux difficultés d'insertion des jeunes".

Cette mesure "ne répond pas non plus à la priorité des entreprises artisanales qui cherchent à recruter des personnels qualifiés ou à former des jeunes ayant acquis les savoirs de base: lecture, écriture et calcul notamment", souligne-t-elle.

"La responsabilité des artisans, qui est déjà très étendue à l'égard de ces jeunes et de la société, ne peut aller jusqu'à assumer les missions d'éducation ou d'école de la vie", ajoute-t-elle.

Chez les enseignants, la proposition de Dominique de Villepin a suscité un vif rejet. La réaction des syndicats enseignants, qui non seulement se sont toujours déclarés très réticents vis à vis de l'apprentissage mais qui réclament au contraire que la scolarité obligatoire puisse être portée à 18 ans, était prévisible.

Dans ce contexte d'état d'urgence et de violences urbaines, le gouvernement a également réactivé des mesures valorisant la réussite personnelle.

"Le sentiment d'injustice dans les cités, c'est aussi vrai pour ceux qui ont le plus de dons, le plus de capacités. Ceux là aussi il faut les aider et les encourager. C'est pour cela que je veux multiplier par trois les bourses au mérite pour ces enfants", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre veut "multiplier par trois aussi les internats d'excellence, faire en sorte qu'ils puissent être accompagnés, pourquoi pas, par les élèves des grandes écoles, qui pourraient leur servir de tuteurs, et les aider, les accompagner tout au long de leur parcours scolaire".

Jean-Philippe Defawe

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