Matériau : le bureau entrouvre la porte à la paille structurelle

Moins de bois mais davantage de fibres pour ce petit bâtiment breton en bottes de paille porteuse. Démonstrateur, le projet vise à faire avancer cette technique non courante.

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- Les bottes sont empilées sur un soubassement en bois, lui-même chevillé à la dalle béton.

A Quéven (Morbihan), un ouvrage petit par sa taille - 80 m² -mais riche par sa vocation expérimentale se démarque par une technique de construction originale. De fait, les futurs bureaux de la SPL Bois Energie Renouvelable utilisent des murs en paille porteuse. De plain-pied, le bâtiment forme un parallélépipède de 20 m de long sur 4 m de large. Si la façade sud est constituée de sept poteaux de bois habillés d'un mur- rideau vitré, les trois autres murs sont réalisés avec des bottes de tiges de céréales aux dimensions standards : 36 cm de haut sur 46 cm de large et 80 cm de long. Elles supportent un poids de 100 kg/ m2 avec un taux d'humidité de 20 %.

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« Chaque mur est constitué d'un empilement de sept bottes posées sur un soubassement en bois de 5 cm d'épaisseur, lui-même chevillé à la dalle béton, précise Xavier Davy, ingénieur structure et responsable innovation chez Egis Bâtiments Centre-Ouest, membre de la maîtrise d'œuvre. La paroi est ensuite couronnée par une lisse haute en bois de 15 cm d'épaisseur. »

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Sangles de compression. L'élévation est réalisée grâce à une étape essentielle de précompression qui consiste à utiliser des sangles pour enserrer le mur verticalement tous les mètres. Cette opération uniformise le tassement des fibres et participe à la stabilité de l'ouvrage car elle anticipe la compression du matériau qui aura lieu lors de la pose du toit. Le tassement à appliquer -ici compris entre quatre et sept centimètres - est évalué en fonction des charges de la toiture, soit 100 kg/m². En l'occurrence, un toit monopente constitué de caissons en bois remplis… de paille.

 

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En France, il n'existe pas de norme pour les applications structurelles de la botte de paille. Cette technique, qui fait l'économie d'une structure bois, exige que les bottes comme les enduits qui les recouvrent transfèrent les charges du toit et des éléments de façade aux fondations. « Les deux couches d'enduits de 4 cm d'épaisseur sont constituées de terre crue fibrée à l'intérieur et d'un mélange chaud/sable à l'extérieur, reprend Xavier Davy. Elles participent à la résistance comme à la stabilité du mur. » Afin d'en faire la démonstration, la note de conception a compilé toute une variété de données sur ce système constructif. Elles proviennent aussi bien des travaux d'autres bureaux d'études que du Réseau français de la construction paille (RFCP), mais aussi des retours d'expériences des rares autres bâtiments semblables de l'Hexagone, soit l'école des Boutours et le centre de loisirs Jacques-Chirac à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ou à l'étranger. Plusieurs modèles de calcul ont ensuite été testés et comparés afin de parvenir à justifier la résistance mécanique de l'enveloppe en fibres et enduits. Ces travaux ont permis d'obtenir la validation du contrôleur technique Alpes Contrôles. Quant au coût global des murs végétaux, il représente 650 euros HT par m² de façade.

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Règles professionnelles. Point particulier, le bâtiment de plain-pied, classé établissement recevant des travailleurs (ERT), n'est pas soumis à la même réglementation incendie qu'un ERP. Par conséquent, la tenue au feu pendant trente minutes des structures et planchers n'est ici pas requise. Enfin, pour bénéficier de la garantie décennale, l'équipe de maîtrise d'œuvre a fait appel à l'association Nebraska, dont le fondateur, Cédric Hamelin, pilote justement la rédaction des règles professionnelles pour la paille porteuse, actuellement à l'étude au sein de l'Agence qualité construction (AQC). Les nouveaux locaux de la SPL Bois Energie Renouvelable devraient contribuer à faire progresser le sujet.

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