230 000 lignes de tableaux excel, c’est avec ce chiffre que le maire de Marseille Benoît Payan (PS) a voulu donner la pleine mesure du travail « d’objectivation étayé et documenté » réalisé depuis plus d’un an pour aboutir au plan de rénovation des écoles à 1,2 milliard d’euros, présenté lors d’une conférence de presse ce lundi 11 octobre à l’école Chave dans le 5ème arrondissement de Marseille.
2,27 milliards d’euros de retombées
Sur ce montant de 1,2 milliard d’euros, 814 millions d’euros serviront à la rénovation totale de 174 des 470 écoles marseillaises (1), correspondant à « 4 143 classes, 470 réfectoires, 470 cours d’école et 600 000 m2 », a énuméré le maire socialiste. « Nous investirons entre 2 200 et 2 500 euros par m² illustrant l’importance que nous avons donnée à la maîtrise des coûts », a-t-il poursuivi. Les 208 millions d’euros restants seront mobilisés pour mettre à niveau, notamment en matière de sécurité, toutes les autres écoles, soit 533 euros par enfant, par an, dans les cinq ans à venir.
A ces montants s’ajoutent les 45 millions d’euros réservés aux cours d’écoles, notamment à leur désimperméabilisation, les 60 millions d’euros qui vont servir à réduire de plus de 40% la consommation énergétique des bâtiments scolaires, et enfin, les 84 millions d’euros dédiés au mobilier urbain et aux outils numériques.
Un chantier présenté comme inédit qui devrait créer 14 000 emplois et se concrétiser par près de 2,27 milliards d'euros de retombées économiques pour le territoire, a affirmé le maire.
Outil prédictif
Elaboré à partir de trois diagnostics, le plan de rénovation des écoles, qui vise à offrir un cadre adapté pour le meilleur apprentissage, est le fruit de la concertation avec les enfants, parents et professionnels, mais aussi d’une étude approfondie des besoins.
La commune a ainsi regardé l’évolution des inscriptions scolaires, la carte des transports, pris en compte les quartiers en rénovation urbaine. Cela lui a permis de définir un « schéma fonctionnel de l’école de demain : une école qui ne sera pas uniforme mais dont les espaces pourront se moduler » afin que chacune « puisse s’adapter aux besoins de ceux qui la fréquentent et la font vivre », a affirmé Benoît Payan.
La concertation ne s’arrêtera pas là. Elle aura lieu, école après école, à toutes les étapes du plan.
L’enjeu est bien sûr de proposer des écoles plus sûres avec, notamment des systèmes innovants d’extraction de fumée, mais aussi plus performantes et plus vertes. Dans une logique de réduction de l’impact carbone, le maire a rappelé que dans la mesure du possible, la réhabilitation sera privilégiée à la déconstruction/reconstruction.
Pour ne plus arriver à la situation actuelle de vétusté d’un grand nombre d’écoles, la municipalité s’est dotée d’un outil prédictif. Développé par la société Oxand et utilisé par le ministère des Armées, il aidera à planifier l’entretien des bâtiments et ainsi anticiper leur vieillissement.
533 euros par enfant et par an
Un autre enjeu pour la nouvelle municipalité est de mutualiser les équipements. Par exemple, l’accès aux cours de récréation, aux gymnases, aux bibliothèques se fera par l’école mais aussi par l’extérieur « pour que l’école reprenne sa place au centre des quartiers, comme un lieu de vie ouvert aux habitants, aux associations culturelles, sportives et d’aide aux devoirs ».
Le plus grand soin sera, par exemple, apporté à la programmation des espaces extérieurs considérés « comme des éléments clé de la relation entre l’école et la ville ». Par exemple, le parvis et le porche-atrium en continuité, qui constituent des lieux de rencontres et de repère social, pourront servir aussi d’espaces complémentaires d’activités ou d’apprentissage.
Ce plan vise aussi à mettre fin à une situation d’inégalité. « Alors que 176 euros par enfant sont investis en moyenne par an dans les écoles des autres villes de France, la précédente majorité s’est limitée à un investissement de 113 euros par enfant dans les quartiers sud et à peine 94 euros dans les quartiers nord. Résultat, sur les 30 écoles les plus délabrées, près des deux tiers se trouvent dans le secteur nord », a fait remarquer le maire, qui, avec ce plan sur neuf ans, a l’ambition de passer à 533 euros par enfant et par an.
Partenariat public/public
Lors de sa visite dans la cité phocéenne, le président de la République Emmanuel Macron avait confirmé le soutien de l’Etat à la réalisation ce plan via une société dédiée.
Benoît Payan est revenu sur le sujet évoquant « un partenariat public/public avec l'Etat » et précisant qu’il allait rencontrer ce lundi 11 octobre le Premier ministre Jean Castex afin d’en définir les modalités juridiques et financières.
Le débat porte sur la forme de la société : société anonyme ou société publique locale d’intérêt national. Une chose est sûre : ^présidée par Benoît Payan et comptant comme actionnaires la Ville et l’Etat, elle investira en moyenne 150 millions d’euros par an. « De plus, pour abonder la future société, nous pourrons chercher des subventions auprès de l’agence de l’eau, de l’Union européenne en fonction des thématiques de désimpérméabilisation ou de performance thermique », précise Joël Canicave, adjoint au maire de Marseille en charge des finances, des moyens généraux et des budgets participatifs.
On devrait en savoir plus à la fin de la semaine lors de la visite annoncée du président de la République à Marseille. Début septembre, lors de la présentation de son plan Marseille en grand, il avait annoncé sans la chiffrer une aide pour les écoles de Marseille.
Cela n’empêche pas la Ville de lancer les opérations. Avant fin 2022, elle aura démarré seize chantiers : Abeilles, Aygalades, Bouge, Dromel, Saint-Louis-Gare, Vayssières. En parallèle, elle lance les études pour seize autres : La roseraie, National, Pommier ou Kallisté.
(1) D’après les chiffres fournis par la mairie, sur les 470 écoles, 188 présentaient des problèmes de chauffage chronique, 112 des sanitaires défaillants, 341 connaissaient des fuites, des infiltrations d’eau et de vent, des défauts d’étanchéité, de menuiseries et de toitures, 140 connaissaient une surexposition au bruit, 126 manquaient de classes alors qu’au niveau national la règle est de proposer 1,6 m²/personne.