C'est un havre de paix au cœur de Marseille, boulevard Michelet, à deux pas du stade Vélodrome. Sur la rive d'en face, se dresse la silhouette à la géométrie contemporaine et minimaliste de la Cité Radieuse, de Le Corbusier, construite en 1952. Mais de ce côté-ci, le jardin de La Magalone, avec ses buis, ses statues et ses bassins, trouve son inspiration dans le XVII siècle. Et la bastide à laquelle il sert d'écrin date, elle, du XVIIIe. Vraisemblablement la plus ancienne de la ville.
Abattages en règle.
La Direction des Parcs et Jardins de Marseille entreprend depuis 2008 la réhabilitation de ce jardin historique « à la française », d'un peu plus d'un ha, remanié au XIXe et planté de plusieurs centaines d'arbres remarquables. « L'idée est de retrouver un certain esprit en se basant sur les plans d'origine dont nous disposons », expliquent Jean-Marc Séard, ex-responsable du service passé désormais à la Direction des Sports et Claude Chabrier son successeur. La démarche n'est pas simple, les plans ne disant pas tous la même chose et ne dessinant pas nécessairement les mêmes tracés ni les mêmes dispositions. L'opération s'effectue par petites touches. Certains parlent de reprise en main - le mot n'est pas trop fort - les jardins de la Magalone ayant pas mal souffert (sans doute pas assez surveillés, ils étaient devenus le terrain de foot privilégié des jeunes du quartier, avec tous les dommages que cela pouvait provoquer sur les buis, les massifs et les pelouses). Tout cela, sans compter le mauvais état sanitaire des grands sujets, plusieurs grands platanes, victimes de champignons, ayant dû être abattus comme certains tilleuls et quelques frênes devenus dangereux.
Un authentique patrimoine.
Les jardiniers ont procédé à un regarnissage des bordures de buis sur une longueur d'environ 300 m. Cette intervention a consisté à colmater les brèches créées dans les linéaires par les déprédations puis à les protéger par des piquets et une ceinture de fils de fer. Pour l'ensemble de ces opérations, la Direction des Parcs et Jardins a constitué une équipe étoffée, forte de trois jardiniers à plein temps pour assurer la remise en état des végétaux et pour être au contact de la population, en particulier des jeunes, et expliquer qu'il s'agit de redonner à La Magalone sa vocation de jardin classé représentant un authentique patrimoine historique marseillais. « Toute la difficulté est là, rappelle Claude Chabrier. Il s'agit de faire comprendre qu'un parc historique n'a pas vocation à être un jardin public disposant d'aires de jeux ! ».
Des allées redessinées.
Autre source de complications pour les restaurateurs de La Magalone : les personnes fréquentant le site veulent des fleurs ! Les massifs colorés n'étant pas nécessairement en harmonie avec l'histoire du lieu, il a donc fallu faire face à des exigences contradictoires tout en cherchant à retrouver l'aspect d'origine du jardin, responsables et jardiniers de la Magalone ne pouvant pas pour autant fermer systématiquement la porte à une touche de modernisme. « Il ne faut pas dénaturer l'esprit de ces jardins en plantant trop de fleurs, rappelle-t-il. Mais en même temps, nous sommes tombés d'accord pour apporter un peu de couleur autour des bassins ». Pour irriguer l'ensemble, un système d'arrosage avec 150 points a été installé, le parc ayant été découpé en 12 secteurs. Les allées ont été reprises en stabilisé et surtout redessinée avec plus nettement grâce à la pose de bordures métalliques, ce qui a permis de mettre en valeur deux d'entre elles avec 24 tulipiers de Virginie, des alignements de cette importance étant assez rares. Sans oublier, bien entendu, la grande affaire de l'opération : la réhabilitation des buis au nombre de 700 et qui ont le plus souffert au cours des dernières années. -





