Marseille Le double destin d'un silo à grains

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«Venu à Marseille pour la Cité radieuse, Le Corbusier trouvait déjà des vertus à ce bâtiment sur pilotis des années 1920 qui, face à la mer, ressemble à un cargo », explique l'architecte Roland Carta qui se partage avec son confrère Eric Castaldi la reconversion de cet ancien silo à grains en bureaux et salles de spectacle. Quatre-vingts ans après sa construction, Roland Carta, en charge de l'équipement culturel, et Eric Castaldi, du programme tertiaire et des accès, se sont intéressés à sa valeur patrimoniale, gardant quasiment intacte son enveloppe extérieure pour tirer le maximum de ressources de sa configuration intérieure.

Une salle de spectacle dans le ventre du bâtiment

Au-delà de sa peau, la chair du bâtiment est compacte, constituée d'une juxtaposition de cylindres, les silos à grains, qu'il s'agit d'extraire pour laisser place au vide nécessaire d'une salle de spectacle. « L'édifice a présenté des résistances terribles : résistance morphologique pour son nouvel usage, résistance structurelle en raison des silos porteurs et résistance acoustique du béton », explique Roland Carta qui, se disant éloigné d'une « architecture spectacle », a misé sur l'idée d'une polyvalence originelle du bâtiment. Une manière pour lui de rendre hommage à l'histoire et à la pérennité de l'édifice.

Evidant le volume, des éléments caractéristiques sont réutilisés, comme le béton brut constitutif de l'ouvrage qui reste à l'honneur dans la partie dévolue aux spectateurs. Sur les parois latérales de la salle, des demi-cylindres, parties restantes de silos, sont reconvertis en loges. En plafond du foyer, leurs extrémités (d'où s'écoulaient directement les grains dans les camions) ont été gardées : « ces mamelles, comme s'appellent à l'origine ces cônes renversés, ont donné l'opportunité de doter le foyer d'une modénature de plafond unique, que l'on n'aurait pu seul imaginer », souligne l'architecte.

Des silos recyclés en bureaux

Purgeant l'édifice de ses silos pour créer des bureaux, Eric Castadi monte une série de planchers. Dans l'optique du « recyclage du bâtiment », tel qu'il définit lui-même l'opération, il cherche à conserver tout ce qu'il peut. Ainsi, un morceau de chaque cylindre est recyclé en poteau pour former la trame porteuse des planchers. En façade, les demi-silos percés de fenêtres sont autant de bow-windows. Pour accéder à l'ensemble du bâtiment, Eric Castaldi a imaginé un principe de circulation extérieur qui, en une longue structure acier, permet de distribuer toutes les fonctionnalités : l'accès pompier (par deux rampes latérales), l'acheminement des décors (par un impressionnant monte-camions qui s'élève à 17 m de hauteur au niveau de la scène), l'accès aux bureaux et à la salle de spectacle.

Trois boîtes métalliques orange, que l'architecte a imaginées comme des conteneurs maritimes, départagent les accès et donnent à l'ensemble, avec les rampes, une façade aux couleurs de l'activité industrielle portuaire.M. G. -

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