A Marseille (Bouches-du-Rhône), aux portes du parc national des Calanques, le projet « 195 La Calanque » n'est pas une simple opération d'aménagement. Porté par le fonds d'impact environnemental Ginkgo en association avec le promoteur Constructa et soutenu par le fonds friches à hauteur de 2 M€, il vise à reconvertir le site de l'usine Legré-Mante fermée en 2009, après plus d'un siècle de production d'acides sulfurique et tartrique.
Mandataire de l'équipe de maîtrise d'œuvre, l'agence Kern + associés a été guidée par la volonté de réussir la couture urbaine avec le quartier de la Madrague de Montredon, constitué de petits immeubles et maisons. Un autre principe a visé à l'ouvrir vers la mer, ce qui se traduit par la disparition du mur d'enceinte et la création d'un belvédère en lieu et place du crassier issu de l'accumulation des résidus industriels sur la plage. Conservés à 90 %, les bâtiments d'origine seront réhabilités. Les ateliers seront débarrassés de leurs verrues (annexes en parpaings, étages supplémentaires…) et leurs toitures en éverite remplacées par d'autres ou ouvertes pour faire entrer la lumière par le biais de patios. Par ailleurs, via un projet urbain partenarial avec la métropole Aix-Marseille-Provence, Ginkgo et Constructa financeront la place qui sera aménagée à l'entrée du site, l'élargissement de l'unique rue menant au centre-ville, une nouvelle station de relevage des eaux usées et la mise aux normes du réseau d'assainissement.
Dépollution. Le programme immobilier de 21 715 m2 SP comprendra 142 logements dont 40 sociaux, une résidence seniors, une de tourisme, des équipements publics, des commerces et un parking de 468 places. Mais avant sa réalisation, le site doit être dépollué. Mobilisant 11,6 des 50 M€ du coût global de l'opération, ce volet du projet, élaboré avec les services de l'Etat et les associations de protection de l'environnement, repose sur le confinement des pollutions, en majorité des métaux non mobiles, et le réemploi des matériaux inertes (béton, tuiles…). Ainsi, certains secteurs seront recouverts de 50 cm de nouvelles terres. Pour maîtriser le risque de déploiement des particules polluées dans l'atmosphère, une frange végétale sera plantée au nord-est du site. Elle aura pour fonction de les fixer, conformément aux méthodes biologiques par phyto stabilisation développées dans le cadre d'une thèse d'un doctorant d'Aix-Marseille Université.
Propriétaire depuis 2017 des 8 ha acquis pour 15 M€, dont cinq rétrocédés au parc national des Calanques, Ginkgo a l'expérience requise. Le fonds porte à ce jour 27 projets similaires en Europe. « Le modèle est toujours le même. Nous achetons la friche sans conditions suspensives, puis assurons toute la chaîne de reconversion jusqu'à l'obtention des permis de construire et d'aménager. Nous vérifions son implantation et la densité possible pour absorber les coûts de dépollution et d'achat du foncier avec toujours le souci d'une reconversion la plus vertueuse possible », précise Pascal Roudier, directeur environnement chez Ginkgo.
Concernant le projet marseillais, l'enquête publique d'une durée d'un mois en cours jusqu'au 21 octobre est la dernière étape avant l'obtention du permis de construire, espérée fin 2022. Le chantier devrait commencer au quatrième trimestre 2023.