Destiné à donner un nouveau souffle à Marseille, qui avait perdu près de 50 000 emplois en vingt ans, l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée (Epaem) fête ses trente ans. Comme cadeau d'anniversaire, l'Etat, la Ville, la métropole, le département des Bouches-du-Rhône et la région Paca lui ont octroyé 249 M€ de financements actés dans un sixième protocole de partenariat, contre 150,9 M€ dans le précédent.
L'aménageur peut ainsi poursuivre jusqu'en 2040 son œuvre de recomposition urbaine de quartiers constitués de friches industrielles et d'habitat dégradé dans la zone arrière-portuaire, au nord de la cité phocéenne. A cet effet, une opération d'intérêt national (OIN), qui s'étend sur 479 ha, a été définie : 310 ha correspondent au périmètre initial (Euromed 1) et 169 ha à l'extension vers le nord de l'OIN (Euromed 2) décidée en 2007.
Pour Laure-Agnès Caradec, présidente de l'Epaem, les financements récompensent « un bilan satisfaisant ». Selon elle, l'action conjointe de l'Etat et des collectivités a permis de constituer dans Euromed 1 un pôle d'affaires de 756 000 m2 (dominé par les tours CMA-CGM et La Marseillaise), de créer 10 000 logements neufs et d'en réhabiliter 5 800. « Aujourd'hui, nous recensons 56 172 emplois. Nous en prévoyons 20 000 de plus sur Euromed 2 », poursuit-elle, faisant référence au futur siège de RTE qui sera livré fin 2025. Conçu par l'architecte Vincent Lavergne, l'immeuble accueillera 500 salariés au sein du quartier des Fabriques (14 ha) aménagé par Bouygues Immobilier et Linkcity sur la frange nord de l'OIN.
Projet structurant aux Aygalades. Maintenant qu'il a désigné le paysagiste Michel Desvigne (mandataire), l'Epaem peut s'attaquer au projet structurant du parc du ruisseau des Aygalades (16 ha), créé en lieu et place du faisceau ferroviaire du Canet, à l'est de la ZAC Littorale (53 ha), premier maillon opérationnel d'Euro med 2. L'un des enjeux, posés par l'architecte-urbaniste François Leclercq dans son plan-guide, est d'apporter de la nature dans ces secteurs et d'en faire un outil de régulation hydraulique visant à réduire le risque inondations dans une zone traversée par deux ruisseaux. L'année 2025 sera consacrée aux études avant des premiers travaux en 2027 et une mise en service prévue en 2031.
Des consultations sont par ailleurs en cours pour renouveler deux accords-cadres. Le premier, qui sera attribué à l'automne, porte sur le suivi de la mise en œuvre des projets dans la ZAC Littorale et ses franges. Le second, attendu pour début 2026, vise à confier à un urbaniste-concepteur le soin de définir une vision d'ensemble des secteurs non opérationnels de l'OIN. Dans les deux cas, les équipes lauréates devront reprendre les principes édictés par les agences Leclercq Associés et Anyoji-Beltrando, dont les missions respectives d'urbaniste concepteur et d'urbaniste opérationnel s'achèvent cette année. Ces principes consistent à composer avec l'existant, à garantir la qualité architecturale et veiller au traitement paysager.