Majors Les ambitions de Sacyr Vallehermoso

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Candidat malheureux à la reprise de la Sanef il y a trois mois, l’Espagnol Sacyr Vallehermoso qualifie de « stratégique » la participation de 5,02 % qu’il vient de prendre dans Eiffage. Assurant que son entrée dans le capital du major s’est faite à « la connaissance et avec le consentement » du groupe français, il lui propose une coopération.

« Nos résultats sont véritablement extraordinaires », estime Luis del Rivero, président depuis deux ans de Sacyr Vallehermoso, dont il est le premier actionnaire (voir encadré). Le groupe a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 4,47 milliards d’euros, en progression de 21,6 %. Son résultat net a augmenté de 46,4 % à 413,1 millions. Tous les secteurs d’activité sont en hausse, et plus particulièrement les concessions avec la société d’autoroutes Itinere, qui a dégagé un résultat brut d’exploitation de 287,1 millions ( 13,7 %). Le groupe va fêter cette année son vingtième anniversaire en confortant sa place de cinquième major espagnol en termes de chiffre d’affaires et de troisième par la capitalisation boursière (6,3 milliards d’euros).

Acquisitions en cascades. Tout est allé très vite pour les deux anciens ingénieurs de Ferrovial, José Manuel Loureda, en retraite depuis deux ans, et Luis del Rivero, qui ont créé Sacyr en 1986 et ont été rapidement rejoints par des investisseurs. Mais depuis 2001, date de l’entrée de l’homme d’affaires Juan Abello dans le capital de l’entreprise, la cadence s’est accélérée. Ce regroupement de personnalités – une conjonction d’ego, selon ses détracteurs – a entraîné des achats en cascades.

En 2002, ils ont acquis Vallehermoso, la première compagnie immobilière espagnole. Cette opération n’était pas encore digérée qu’à la surprise générale, le groupe raflait l’ENA, une société concessionnaire d’autoroutes, pour 1,62 milliard d’euros. Une belle affaire, qui a tout de même accru l’endettement de l’acheteur de 70 %. A l’été 2004, c’était au tour de Somague, le leader du BTP portugais de tomber dans l’escarcelle de Sacyr, moyennant une augmentation de capital et un échange d’actions.

A l’automne, des conversations étaient engagées avec la famille Romiti, propriétaire de l’Italien Impregilo, mais sans résultat.

Le groupe n’en a pour autant pas négligé la péninsule où il a créé une filiale avec deux sociétés italiennes, dont il veut aujourd’hui racheter la participation (40 %). Mais l’échec du coup de poker boursier sur le groupe bancaire BBVA, mené par Manuel Manrique, directeur général, et Luis del Rivero, a stoppé cette croissance. Ils avaient acquis 3,1 % du capital du groupe bancaire avant de lancer une OPA que la Banque d’Espagne a repoussée, estimant que la participation n’était pas assez significative. Sacyr a, depuis, cédé sa participation, empochant une plus-value de 148 millions d’euros.

Diversifier à tout prix. Fin 2004, Sacyr Vallehermoso a annoncé un nouveau plan stratégique, doté de 2,4 milliards sur quatre ans, pour accentuer sa diversification, notamment dans les services à travers la filiale Valoriza. Elle doit représenter 11 % de l’activité en 2007, contre 2 % aujourd’hui, le poids de la construction tombant de 60 % à 49 %. 600 millions seront consacrés aux services, notamment les énergies renouvelables et la collecte de déchets. Sacyr Vallehermoso souhaite aussi se renforcer dans la gestion de l’eau et prendre pied sur trois nouveaux marchés : le nettoyage industriel, les services sanitaires et le handling (services aéroportuaires). 1,2 milliard sera investi dans les concessions, à travers la filiale Itinere.

Le groupe ibérique veut se positionner en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine. Au-delà des infrastructures autoroutières, il est intéressé par les aéroports, l’exploitation de réseaux ferrés, les ports et les hôpitaux. Il n’en néglige pas pour autant l’activité immobilière, héritée de Vallehermoso, et souhaite passer de 4 000 à 6 000 logements vendus par an.

L’objectif affiché du plan porte sur une croissance de 12 % par an jusqu’en 2007, pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros et un résultat d’exploitation de plus de 1 milliard, ce qui correspond à une augmentation de 18 % par an. Pour l’instant, le rythme est bien tenu.

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