Les ingénieurs des collectivités, qui assurent la direction des services techniques et parfois même de l'ensemble de leur collectivité, sont plutôt heureux dans leur travail. Mais le contexte actuel de restrictions budgétaires pèse fortement sur leur vécu au quotidien. C'est ce que révèle une étude menée par l'Association des ingénieurs territoriaux de France (AITF) auprès de ses 4000 adhérents (1) sur le thème du bonheur au travail.
53% des répondants se disent souvent heureux au travail. Parmi les motifs de satisfaction professionnelle les plus importants figurent le sens du travail, la mission de service public, l'intérêt du métier, l'acquisition de compétences. Mais au cours des douze derniers mois, ce niveau de satisfaction a diminué pour plus de la moitié des répondants (51%), en particulier dans les départements (58%)... Les contraintes budgétaires ont influencé leur management (pour 71% d'une base de 827 répondants). Par ailleurs, 58% considèrent qu'ils n'ont pas le temps nécessaire pour réaliser correctement leur travail. Ils estiment, dans les mêmes proportions (58%), que la pression sur l'exercice de leur activité est trop forte, celle-ci provenant essentiellement de la hiérarchie et des élus (pour 66%).
Pour l'avenir, les ingénieurs territoriaux imaginent que c'est d'abord leurs compétences managériales, prospectives et stratégiques, et financières qui seront sollicitées, devant leurs compétences techniques et juridiques. Les restrictions budgétaires arrivent en tête des trois principaux défis qu'ils seront amenés à gérer en priorité, selon l'étude. Devant la mutualisation des ressources et la mutation vers des organisations transversales. L'excès de normes n'arrive qu'en sixième position. Conclusion : pour 68% des ingénieurs répondants, il est plus difficile d'exercer aujourd'hui le métier d'ingénieur qu'auparavant. La très grande majorité (70%) considère que la mobilité entre les fonctions publiques (Etat, collectivités, hôpitaux) devrait être facilitée, tout comme celle entre le public et le privé (58%).

Les ingénieurs territoriaux sont « attachés à leurs territoires, à trouver les meilleures solutions pour répondre aux défis », commente le président de l'AITF, Patrick Berger. Mais « l'instabilité des organisations, budgétaires et normatives, de l'environnement dans lequel ils évoluent, cumulé au « fonctionnaire bashing » qui se tourne aujourd'hui plus particulièrement vers les fonctionnaires territoriaux, ne favorisent pas à donner du sens à leur action. L'ingénieur territorial a le sentiment que son rôle se limite de plus en plus à des tâches d'exécution au service d'effets d'annonces et de la surmédiatisation ».
En 2016, les ingénieurs des collectivités sont en effet confrontés à une flopée de réformes : réorganisation territoriale, révision de leur statut, baisse des dotations de l'Etat aux collectivités, nouvelles règles de la commande publique...