Dans la ZAC Les Hauts du Couzé à Beaucouzé (Maine-et-Loire), commune en plein développement à l'ouest d'Angers, le bailleur social Angers Loire Habitat et l'entreprise de construction ERB expérimentent quatre systèmes constructifs différents sur les maisons mitoyennes d'une opération de 20 logements comprenant aussi un petit collectif. « C'est la dernière opération de la première tranche de la ZAC, et comme le secteur est très urbanisé, nous avons lancé en avril 2022 une consultation en conception- réalisation autour de la préfabrication », raconte Nicolas Poirier, directeur du patrimoine et de la maîtrise d'ouvrage de l'OPH. Trois groupements se sont retrouvés en finale : LCA et Johanne San avec une construction bois ; Boisseau et Aarba avec un socle en béton et des élévations en bois ; ERB et Ched avec une structure poteau-poutre et murs à ossature bois avec une variante originale pour les maisons.
Formation des compagnons. Prix Moniteur de la construction en 2022, ERB (17 M€ de CA, 80 salariés) a inscrit l'innovation au cœur de sa stratégie. En 2021, l'entreprise de Chalonnes-sur-Loire s'était fait remarquer avec le projet Empreinte, également à Beaucouzé, qui fédérait une vingtaine de PME en associant plusieurs innovations, dont l'impression 3D de murs isolés. Sous l'impulsion de son dirigeant, Thomas Grenouilleau, la PME - qui réalise près de la moitié de son activité en conception-réalisation - poursuit aujourd'hui ses recherches dans la fabrication additive avec de la terre crue. « Nous suivons avec intérêt toutes les recherches d'ERB, y compris sur l'impression 3D, mais pour l'instant, nous ne croyons pas en ce mode constructif », reconnaît Nicolas Poirier. Les systèmes retenus pour les quatre maisons du programme Halesia sont donc de la brique de terre cuite (Bouyer Leroux) ; des murs ossature bois remplis de paille de 22 cm (Isol'en Paille, Lys-Haut-Layon) avec ITE en fibre de bois (Steico) ; des murs porteurs en brique de terre crue comprimée (Briques Technic Concept) et ITE (Steico) ; du béton de bois (CCB Greentech et son préfabricant Spurgin). La maison bois-paille sera fabriquée et posée par Veron Diet (Beaupréau-en-Mauges), et les trois autres seront construites par ERB qui en profitera pour former ses compagnons.
« Nous allons instrumenter ces pavillons pendant six ans pour mesurer les consommations électriques effectives et la production de chaleur mais aussi étudier les indicateurs de confort des usagers : hygrométrie, variations de température et qualité de l'air intérieur », indique Antonin Buron, conducteur de travaux chez ERB. L'entreprise, accompagnée par le Cerema, prend en charge les frais d'instrumentation estimés à 150 000 €.
Les critères économiques sont également passés au peigne fin car les coûts de construction varient sensiblement selon les systèmes : 182 000 € HT pour la terre cuite, 213 000 € HT pour le bois-paille, 226 000 € HT pour la terre crue et 241 000 € HT pour le béton de bois. « Nous avons réussi à maîtriser les coûts, explique Nicolas Poirier. C'était la condition car nous voulons que les modèles économiques de ces modes constructifs soient reproductibles. »