Situé à la frange est du Lyon ancien, le quartier d'affaires de la Part-Dieu a été construit autour de la gare du même nom sur le principe des dalles et de la séparation des flux (automobile, ferroviaire, piéton) chers à l'urbanisme des années 60. Le passage du tramway sur le boulevard Vivier-Merle, principale artère du quartier bordée d'un côté par la gare, de l'autre par les grands immeubles des années 70 qui entourent le centre commercial, a été l'occasion d'une complète réorganisation des lieux. Devenus une vaste place où se croisent harmonieusement automobiles, tramways, bus et piétons, ils méritent pleinement le nom « d'esplanade » qu'ils portent désormais. Cette transformation est l'oeuvre d'Alexandre Chemetoff, et de son Bureau des Paysages, lauréat d'un concours organisé en 1998 par la mission Tramway de la communauté urbaine de Lyon. Fidèle à sa démarche, l'urbaniste a établi son projet à mi-chemin des caractéristiques singulières du site - auxquelles son regard de paysagiste demeure particulièrement sensible - et du postulat général de réintégrer le quartier de la Part-Dieu dans la continuité des espaces publics de la ville. Au principe de séparation des flux, dont subsistait jusqu'à très récemment les passerelles piétonnes qui franchissaient le boulevard, il substitue un espace de plain-pied, régulant de façon ordonnée la multiplicité des échanges : piétons, tramway, bus, automobiles. Mettant à profit le surcroît de largeur induit par le recul à l'alignement des grands bâtiments modernistes, il réintègre ceux-ci dans l'espace urbain, notamment grâce à un pavement homogène de granit. Ce dernier est fort intelligemment modulé, tantôt en tapis de grandes dalles, tantôt en petits pavés (aisément déposables), autour des abris et du mobilier urbain. Il recouvre la quasi-totalité des surfaces, à l'exception des voies de circulation automobile, un calepinage de grandes dalles venant souligner les contours de trottoirs. Outre la démolition de la dernière passerelle piétonne subsistante, le projet a nécessité le déplacement et la modification du tracé des deux trémies du tunnel de la Part-Dieu, d'où le coût relativement élevé de l'opération. Délicates à mettre en oeuvre compte tenu des nombreux réseaux et ouvrages en sous-sol, les plantations créent le contraste nécessaire avec la gravité du granit. Ce sont des arbres de parc, à grand développement, qui ont été choisis. Pins en bosquet et métaséquoia alignés (qui atteindront à maturité une douzaine de mètres de hauteur) viennent jouer avec les cinquante-huit abris de bus et de tramway spécifiquement dessinés pour le site, faisant presque oublier les six grands mâts d'éclairage en fonte d'acier qui ponctuent l'esplanade avec une anachronique emphase.
PHOTOS :
Vue de l'esplanade vers le nord avec, au fond, une des trémies retraitées.
Accueillante aux piétons avec son terre-plein, ses traversées et ses larges trottoirs, l'esplanade vivier-merle actuelle (ci-contre) efface des mémoires les flux de circulation infranchissables de l'ancien boulevard. située entre la gare et les bureaux et commerces du quartier part-dieu, elle est pourtant restée un pôle intermodal majeur.
Le pavement homogène de granit est modulé, tantôt en tapis de grandes dalles, tantôt en petits pavés, autour des abribus et du mobilier urbain. Il recouvre la quasi-totalité des surfaces, étendu jusqu'au pied des grands immeubles du quartier, il les replace dans la continuité de la ville.
PLAN ET COUPE :
Mais piétons, vélos, voitures, lignes de bus et tramways se croisent désormais (plan et coupe) dans un espace organisé et apaisé.
FICHE TECHNIQUE (p.133) :
Maîtrise d'ouvrage : communauté urbaine de Lyon, mission tramway
Maîtrise d'ouvrage opérationnelle : Société d'équipement de la région lyonnaise (Serl)
Maîtrise d'oeuvre générale : Bureau des Paysages-Alexandre Chemetoff, Patrick Henry, Catherine Pierdet
Coordination maîtrise d'oeuvre et direction de chantier : GCI, Gérard Crozet et Pierre-Marie Cardinal, BET Ingédia, Bernard Roudet (réseaux, assainissement) ; Eric Hélin et Jean-Paul Bertin (structure, génie civil) ; Sol Paysage, Xavier Marié et Eric Nardonne (sol fertile et plantation) ; éclairagiste, Roland Jeol
Coût : 82 millions de francs HT, dont travaux de voierie, 27,5 millions de francs HT ; fourniture de granit, 8,7 millions de francs HT ; travaux de plantations, 8,2 millions de francs HT ; abris de station, 9,7 millions de francs HT ; éclairage public, 7 millions de francs HT ; couverture de trémie R, 15 millions de francs HT ; déplacement de trémie, 3,9 millions de francs HT ; démolition de la passerelle, 1,7 million de francs HT
Eléments quantitatifs : surface, 36 000 mètres carrés (600 m 60 m).
Durée : concours, juillet 1998 ; chantier, novembre 1999-décembre 2000 ; livraison, 8 décembre 2000
Principales entreprises ou fournisseurs : Sol-VRD, Perrier-Maïa-Sonnier ; plantations et mélange terre-pierre, Duc et Préneuf-GTEV ; abris de stations, Legrand ; éclairage, Spie-Trindel/EEI/Serméto