Roger Métellus n'en revient toujours pas... En organisant, fin octobre, une vente «assise» sur site et sur plan d'une centaine de logements haut de gamme à construire à deux pas du centre-ville, avec un bonus accordé aux premiers acheteurs, le P-DG de Ruggieri Promotion ne doutait pas de son succès. De là à imaginer que les candidats à la propriété feraient la queue dès 6 heures du matin, que la moitié des appartements serait vendue au prix moyen de 2 500 euros le m2, en moins de 5 heures ! L'anecdote est révélatrice. Le marché du logement bénéficie d'un dynamisme exceptionnel. L'offre peine à suivre une demande qui flambe.
Une opération telle que la ZAC de Borderouge, la plus importante de l'agglomération avec la réalisation de 3 000 logements sur quatre ou cinq ans, ne suffit pas à répondre aux besoins d'une seule année. A la fin du premier semestre, le stock disponible se limitait pour l'ensemble de l'aire urbaine à environ 1 400 logements, collectifs et individuels confondus, dont à peine plus de 700 dans la commune centre. Autre caractéristique, les produits investisseurs représentent aujourd'hui prés de 80% du marché. Une proportion exactement inverse à celle de l'agglomération lyonnaise. Sur environ 4 000 ventes de logements neufs enregistrées l'année dernière, moins de 800 étaient destinées à l'accession. Cette réalité traduit l'attrait d'une métropole qui demeure en outre le berceau et le siège historique de structures telles Monné-Decroix, 4 M, Belin, Garros Promotion entre autres, spécialisées dans la vente en réseau de produits «packagés» et défiscalisés. Rééquilibrer le marché, favoriser l'accession représentent désormais la priorité des élus, soucieux de répondre aux besoins générés par le flux des nouveaux arrivants. Et de stabiliser, au-delà du seul marché locatif, une population composée en grande partie des familles de jeunes cadres des secteurs porteurs de l'économie toulousaine.
Afin de favoriser la mixité sociale, autre priorité, la Ville a mis en place, dans la même perspective, un prêt complémentaire à 0% pour les primo-accédants. Les promoteurs sont également priés de construire des logements suffisamment grands pour héberger les familles dans un contexte immobilier supposé saturé par les studios et les T1 locatifs. «D'accord», rétorque Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération régionale des promoteurs-constructeurs, « mais il faut aussi prendre en compte l'évolution de la famille et les phénomènes de décohabitation. Aujourd'hui les studios et T1 bis constituent moins de 10% du stock contre 25% pour les T4.»
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La ZAC Marengo. Les promoteurs sont aujourd'hui priés de construire des logements suffisamment grands, sans négliger les besoins liés aux nouveaux comportements familiaux.
Roger Métellus a fait le choix de la promotion immobilière pour intervenir
dans la décision de l'acte
de construire. P-DG de Ruggieri Promotion (groupe George V), cet ingénieur de l'Insa est très actif au sein de l'association Architectes maîtres d'ouvrage (AMO).
Philippe Gendre, directeur de la Setomip, la SEM de
la ville de Toulouse affirme : «Une SEM n'est pas seulement un outil de réalisation, elle doit également intervenir dans l'aide à la décision en amont des projets urbains.» Amateur de montagne et de musique classique, ce polytechnicien de 53 ans revendique une véritable exigence qualitative dans la construction de la ville.