Logement : la FFB croit à un consensus majoritaire à l’Assemblée

La Fédération française du bâtiment (FFB) a une nouvelle fois alerté sur le délitement continu de la conjoncture dans le secteur du bâtiment. Seul motif d’espoir : la résolution de la crise du logement serait désormais perçue comme prioritaire au sein des principales familles politiques, estime le président de l’organisation professionnelle.

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Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).
Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Une fois n’est pas coutume, la FFB (Fédération française du bâtiment) a ouvert son point de conjoncture du 10 juillet sur une note d’espoir.

Non sans avoir rappelé l’état de déliquescence avancé du marché du bâtiment, son président, Olivier Salleron, a estimé que le contexte politique pouvait se prêter à un sursaut. « La question du logement peut trouver au sein de la nouvelle Assemblée nationale un consensus majoritaire, sur le thème du neuf comme sur celui de la rénovation énergétique », a-t-il assuré.

A l’occasion d’échanges avec les représentants des grandes forces politiques, le patron de l’organisation professionnelle a, en effet, cru remarquer une prise de conscience de la gravité de la « fracture sociale » entretenue par la crise du logement neuf, mais aussi de l'importance du bâtiment dans le PIB de la France.

Prise de conscience

Il relève notamment une forme de « mea culpa du président de la République et du ministre de l’Economie qui ont admis que le gouvernement n’avait pas été parfait sur le sujet du logement ».

A gauche, il loue la volonté exprimée « de réinvestir dans le logement social », avant de détailler son analyse du programme porté par le Nouveau Front Populaire : « Les mesures sectorielles peuvent être bonnes, mais attention à ne pas tuer l’économie par des mesures extrêmes. Un Smic à 1 600€ net créerait un effet domino et pousserait à augmenter les salaires de 10%. Cela constituerait un surcoût évidemment trop important pour une petite entreprise. Regardons l’économie telle qu’elle est et relançons-la pour rendre ensuite la redistribution possible. »

Peser grâce à l’Alliance pour le logement

L’organisation professionnelle n’évacue pas l’hypothèse qu’un gouvernement technique parvienne à se former et place le logement en haut de ses priorités. Un exécutif qui, même sans recourir à la loi, aurait les moyens d’agir par la voie réglementaire sur des leviers, pour certains déjà listés par la fédération, comme MaPrimeRénov’ (MPR), les CEE, la REP ou encore les futurs seuils de la RE2020.

Et pour ce qui relève des attentes de la filière dans son ensemble, la FFB les exprimera avec les neufs autres membres de l’Alliance pour le logement « au travers d’une position commune dès l’annonce du nouvel exécutif. Il nous faudra travailler avec lui, notamment dans la perspective du futur projet de loi de finances », confie Olivier Salleron.  

Une crise qui se creuse

Or, du travail, il n’en manquera pas, au regard des chiffres présentés par la FFB. « L’ensemble des éléments confirment malheureusement notre "scénario du pire", soit une chute d’activité de 21Mds€ entre 2022 et 2025, accompagnée de la perte de 150 000 emplois [équivalents temps plein, NDLR] au sein du secteur et de l’ordre de 300 000 dans la filière », écrit la fédération dans son bilan de conjoncture.

Dans le logement neuf, la chute des mises en chantier, même si elle se modère, était de 13,9% entre les cinq premiers mois de 2023 et ceux de 2024, s’inscrivant dans un rythme annuel de 264 000 logements. Pas de meilleure nouvelle à l’observation des permis de construire qui se sont eux repliés de 10% (-16,1% dans l’individuel et -7 % dans le collectif).

Seul le non résidentiel parvient, un peu, à amortir le choc. Certes, les surfaces commencées baissent de 7,7% en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2024, mais les surfaces autorisés ne reculent que de 3,7%, profitant du rebond des logements agricoles et des bâtiments administratifs.

La rénovation au ralenti

L’activité liée à la réhabilitation et à la rénovation énergétique (ou amélioration-entretien) continue, quant à elle, de ralentir et progressait seulement de 1,7% en volume entre les premiers trimestres 2023 et 2024. Une faible dynamique conséquente à la réforme de MPR en début d’année qui a tassé la progression de la rénovation énergétique à 0,6%.

L’avenir immédiat ne s’annonce pas plus clément. « La révision de MaPrimeRénov’ au 15 mai dernier est intervenue trop tard pour que les effets se fassent ressentir », a déploré Olivier Salleron, rappelant que le dispositif simplifié ne court que jusqu’à la fin d’année.

Un sujet à trancher, un de plus, qui atterrira sur le bureau du futur ministre du Logement à la minute où le nouveau gouvernement sera constitué.

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