Lille : le palais Rameau reverdit en kit et en bois local

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Entre serre et jardin, le palais Rameau accueillera un lieu hybride dédié à l’agriculture urbaine dès la rentrée 2024.

Modularité, exemplarité, respect du bâtiment classé… « Face aux contraintes du projet, le bois s'est imposé comme une évidence pour aménager les lieux », constate Cédric Michel, architecte associé de l'agence Atelier 9.81 à la manœuvre sur cette opération un peu folle avec Perrot et Richard Architectes, Verdi, Elan, Lateral Thinking Factory et EOV. Initiée par l'école d'ingénieurs Junia, elle vise à transformer le palais Rameau, construit en 1878 au n° 39 du boulevard Vauban, en un lieu hybride dédié à l'agriculture urbaine. Le site devrait accueillir étudiants et chercheurs mais aussi un tiers lieu ouvert à tous.

Dès la rentrée 2024, Junia pourra investir les 3 950 m² SP réaménagés du bâtiment ainsi que les 140 m² SP de l'ancienne maison du gardien voisine et le jardin de 6 000 m², conçu par Les Saprophytes, et ce pendant les vingt-cinq années du bail emphytéotique signé avec la mairie de Lille.

Réversibilité. Pour une réversibilité totale des aménagements intérieurs, la superstructure en poteaux-poutres est complètement détachée de l'édifice existant. Elle repose sur une soixantaine de micropieux enfoncés dans le sol, seuls éléments non escamotables du projet. Le plancher technique, lui aussi en bois, est surélevé de 60 cm. « La structure bois en R + 2, réalisée entièrement en lamellé collé de peuplier local, forme une boîte dans la boîte. Elle est décalée par rapport à la structure métallique d'origine afin de bien la laisser apparente », note Cédric Michel. Les cloisons, elles aussi en bois, seront facilement démontables comme l'ensemble des planchers et même des cages d'ascenseur. Par ailleurs, un plancher acoustique de 15 cm d'épaisseur est prévu aux étages. Pour réduire le risque incendie, un système de sprinklage a été programmé et la section des poteaux volontairement augmentée.

Edwood, en charge du lot bois, met en œuvre 158 m³ de peuplier pour la structure poteaux-poutres et celle des cloisons, et 206 m³ d'épicéa pour les panneaux CLT. L'entreprise totalisera plus de 2 400 heures de travail consacrées à la préfabrication en atelier, puis au levage sur site. « Le peuplier local coûte presque trois fois plus cher que l'épicéa. Prélevé dans un rayon de 120 km autour du chantier, il est ensuite passé par la scierie Alglave [située à environ 50 km du chantier, NDLR]. L'objectif est de permettre à la filière régionale de se développer », note Antoine Bisbrouck, dirigeant d'Edwood. « Le peuplier présente de nombreuses qualités. Il a notamment une très belle couleur », se félicite pour sa part Cédric Michel.

En plus des aménagements intérieurs, le bâtiment sera réhabilité pour se rapprocher de son état d'origine. « Le double vitrage était proscrit mais nous avons pu obstruer une partie de la verrière située au plafond pour limiter les problèmes thermiques », illustre Anne Evrard, chef de projet pour 9.81. Quant à la grande serre à l'arrière du palais, elle sera simplement remise en état et n'accueillera que des plantes. Le budget des travaux s'élève à 11,9 M€ HT. Après une première phase de chantier démarrée fin 2021, la deuxième sera lancée en septembre.

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