Le gros œuvre du « gros poisson » dessiné par Rudy Ricciotti à Lille-Sud se termine. Ce surnom désigne la couverture gonflable qui couvre la « rue intérieure » du futur centre commercial Lillenium. Le projet global est composé de trois bâtiments distincts. Dans la courbe de la nageoire caudale se placent 4 265 m2 de bureaux, au centre prend place le centre commercial, et l'animal semble nager vers l'hôtel en R + 6 (Hampton by Hilton) de 5 400 m2 placé juste devant sa tête. Au total, le projet fera naître 115 000 m2 SP pour un coût de travaux de 160 M€ HT.
Toiture innovante. « Rien n'est droit avec Rudy Ricciotti », plaisante Ali Louni, directeur de travaux chez Sogea Caroni, chargé de bâtir les trois bâtiments pour le promoteur Vicity, maître d'ouvrage du projet. Plus de 8 000 m2 d'éthylène tétra-fluoroéthylène (ETFE) sont installés sur 5 000 t de charpente, composée de près de 80 arches en acier, posées pour soutenir cette toiture innovante qui sera terminée fin mai. Une journée de travail est nécessaire pour poser un coussin d'ETFE entre deux arches. Les boudins seront ensuite gonflés en permanence via l'injection d'air pressurisé.
« Nous avons choisi de galber un peu plus la charpente par rapport aux plans de l'architecte. Cette inclinaison plus forte permettra d'éviter que la neige s'accumule et offrira aussi plus de volume intérieur. Cela a nécessité un gros travail de modélisation », note Ali Louni, qui ajoute que la toiture, réalisée par Steeleom, filiale de Vinci Construction, n'est pas le seul élément à avoir contraint les équipes à se creuser la tête : « Nous avons dû couler beaucoup de béton sur place car de nombreux éléments ne pouvaient être réalisés en préfabriqué, soit plus de 45 000 m3 de béton coulés, comprenant 4 500 t d'armature en acier. » Symbole de la rondeur voulue par l'architecte, les vagues blanches se trouvant sur la façade du bâtiment de bureaux ont pu être réalisées grâce à 400 panneaux préfabriqués. Pour la complexe façade en béton drapé du centre commercial, le constructeur a fait le choix de poser sur le voile structurel des coques en composite ciment-verre. « Ce matériau permet de donner la forme et la légèreté souhaitées. Les plaques sont fixées avec des équerres inox », indique Ali Louni. Enfin, pour l'hôtel, le béton blanc lasuré a nécessité un grand soin lors du coulage pour éviter les reprises.
Au total, le chantier permettra de réaliser 35 000 h d'insertion. Dix jeunes du quartier embauchés en contrat de professionnalisation ont été formés au métier de coffreur-bancheur, alternant quinze jours sur le chantier et quinze jours en centre de formation interne. L'ouverture est prévue en novembre.
