Les villes moyennes sourient à SIT, start-up de l’électromobilité

La conquête de l'Hexagone passe par Dreux (Eure-et-Loir). Le 2 juillet, la Société pour l’investissement en infrastructures des territoires (SIT) inaugurera dans cette ville moyenne son second réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques. En 2020, la start-up avait rodé ses compétences par la voie royale de la Métropole du Grand Paris.

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Electropolis
SIT est rentrée sur le marché français de l'électromobilité par la voie royale de la métropole du Grand Paris, avec le réseau Metropolis.

Après Dreux (Eure-et-Loir) en 2023, la Société pour l’investissement en infrastructures de transport (SIT) signera fin juin à Béziers (Hérault) son troisième contrat d’autorisation d’occupation temporaire (AOT). Rodée à partir de 2020 avec la métropole du Grand Paris, la formule ne change pas : la collectivité confie pour 15 ans les emprises concernées au spécialiste des infrastructures d’électromobilité. L’opérateur rémunère son partenaire public par un droit d’entrée auquel s’ajoute une redevance indexée sur le chiffre d’affaires.

Partenariats non exclusifs

Pour remporter en 2020 son premier marché face aux mastodontes du secteur parmi lesquels Total, Engie, Suez et Veolia, SIT a pu jouer sur son indépendance, par rapport aux fabricants. « A chaque site, son type de bornes », soutient Aurélien Chiron, directeur du développement. La neutralité rejaillit sur le design : la collectivité peut imprimer ses couleurs sur les stations, comme le montre la marque Metropolis qui singularise le réseau du Grand Paris, ou les discussions avec les architectes des bâtiments de France sur les teintes adaptées au centre de Dreux.

Le nouveau venu s’est d’emblée démarqué par la transparence de ses prix et de ses méthodes de facturation : depuis 2020, il vend des kWh plutôt que du temps de recharge, avec des cartes de paiement standard. Les premiers contrats confirment son ouverture à des partenariats non exclusifs : membre du groupement Metropolis qui a remporté le marché du Grand Paris, Spie posera également les bornes de Béziers, alors que le réseau de Dreux mobilise Bouygues Energie.

Culture concessive

Sur le plan technique, SIT revendique sa capacité à optimiser les implantations, en fonction d’une part des demandes constatées et prévisibles, d’autre part des puissances qu’Enedis peut affecter à l’électromobilité, dans des ensembles de quatre à six bornes qui offrent des recharges lentes ou rapides. « Face à la concurrence publique et statique des syndicats d’énergie qui, dans le Grand Paris, proposent des recharges de longue durée sur des bornes isolées, la diversité et la disponibilité de nos stations font la différence », constate Aurélien Chiron.

Ces atouts renvoient à la culture concessive, revendiquée par la jeune entreprise : issu de l’ancienne société Spie batignolles Concession, cédée en 2019 par le groupe de BTP, le noyau des fondateurs a intéressé le groupe européen Cube Infrastructure Manager, propriétaire de la totalité du capital. Avant le transfert de ses compétences vers l’électromobilité, cette équipe a construit autour des piscines ou des parkings concédés son savoir-faire dans le dialogue avec les collectivités, notamment les villes moyennes.

L’école du Grand Paris

Le choix des implantations ne répond pas toujours aux intuitions des élus : « Ils identifient souvent les pôles multimodaux, peu adaptés à une utilisation optimale, alors que nous cherchons les fortes rotations provoquées par les lieux de trafic intense où nos bornes captent les circulations locales en même temps que le transit », décrypte Aurélien Chiron. 

« L’adossement à un groupe européen a facilité la formalisation de notre première offre », reconnaît le directeur du développement. Cube Infrastructure Manager a pris sa longueur d’avance en structurant le réseau de bornes de Norvège, leader mondial de la voiture électrique. « Mais contrairement à ce pays ou à la Grande-Bretagne où le groupe s’est d’emblée positionné comme opérateur national, la France emprunte une voie inverse, en partant de contrats locaux », ajoute Aurélien Chiron.

Deuxième round prometteur

Avec 1000 points de recharge intégrés à un programme d’investissement de 30 M€ (contre 28 points et 800 K€ à Dreux), le Grand Paris aura néanmoins rodé le savoir-faire de la jeune entreprise sur une grande échelle. La SIT s’en réjouit d’autant plus que son donneur d’ordre n’avait pas anticipé la concurrence exercée par les syndicats d’énergie.

Dans ce contexte difficile, l’opérateur a su convaincre les élus de la complémentarité des offres, tout en jouant sur la part communale des recettes générées par l’AOT. Cette dynamique se poursuit dans la négociation d’installations complémentaires au contrat de base. Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), Morangis (Essonne), Livry-Gargan et Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ont déjà rejoint ce second round de la conquête du Grand Paris. Les 4 M€ de CA générés par Métropolis reflètent ce rebond : « Le chiffre d’affaires double chaque année », affirme Aurélien Chiron.

Espoir privé

Concentré sur des sites accessibles à tout un chacun 24 h sur 24, le déploiement national espéré par la jeune entreprise ne couvrira pas la totalité du marché. La SIT ne prospecte pas les exploitants de parkings fermés. Elle a renoncé aux appels d’offres lancés par les concessionnaires autoroutiers : des compétitions qualifiées de « courses à l’échalote » par Aurélien Chiron, alerté par les risques que prennent des nouveaux venus issus de groupes financiers.

Le choix d’une gestion de bon père de famille n’exclut pas la prospection de marchés privés que pourraient proposer des bailleurs ou des foncières. En phase de discussion avancée avec une chaîne de supermarchés, la SIT espère concrétiser cette perspective dans les mois à venir.

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