Les solutions deviennent réellement accessibles

L'émergence massive de la transmission radio représente une clé stratégique du développement de la domotique, même si les protocoles restent, pour la plupart, de type propriétaires. Installer des capteurs, émetteurs et récepteurs radio donne accès à un marché de la rénovation quasiment sans limites. Et ce sans formation lourde des installateurs. Même Hager vient de lancer une offre domotique simple, sous forme de pack, destinée à assurer les fonctionnalités de base. La radio symbolise aussi la décentralisation de l’intelligence et de la commande de puissance. En rénovation, la domotique se voit parfois qualifiée « d’efficacité énergétique active », par opposition à « l’efficacité énergétique passive », typiquement représentée par l’isolation. Elle s’affirme donc comme levier de la performance énergétique, grâce à des solutions faciles à mettre en œuvre.

La radio gagne en performances

Avec certains protocoles radio, chaque récepteur devient un répéteur (sur Tyxia de Delta Dore, par exemple). De fait, les limites de distance intrinsèques aux échanges radio n’ont plus court ! Idem chez Yokis, dont les modules intrinsèquement répéteurs permettent aux signaux radio de rebondir malgré une limite de distance radio en champ libre de 30 mètres.

La détection de présence est devenue prépondérante chez certains fabricants, tel BEG (dont c’est le métier initial) pour gérer non seulement l’éclairage, mais aussi le chauffage ou le renouvellement d’air en complément de la programmation horaire. Un capteur unique par pièce permet également de mutualiser les données : détection de présence et mesure d’éclairement. Ces informations sont ensuite transmises pour les besoins du chauffage, de l’éclairage, voire d’autres actionneurs. L’idée de mutualisation fait, d’ailleurs, partie des principes mis en œuvre par le groupement d’industriels dans le projet Homes (regroupant Schneider Electric, Delta Dore, Somfy et d’autres).

Vers l’interopérabilité

Un protocole ouvert utilisé par plusieurs fabricants, tel que IO-Homecontrol, voire un protocole standardisé au niveau mondial, comme KNX ou Lon, donnent à l’installation domotique de plus larges perspectives. Dans la mesure où plusieurs industriels contribuent à un même langage, cela constitue un gage de diversité des fonctionnalités proposées et de pérennité du protocole. Toutefois, des fabricants mettant en œuvre un protocole propriétaire fermé peuvent à leur façon proposer une ouverture avec de nombreuses passerelles vers d’autres protocoles. C’est le cas de Crestron.

IO-Homecontrol constitue une expérience intéressante car elle regroupe sous un même protocole et de façon crédible des acteurs pour qui l’automatisme n’est qu’une option au catalogue : Velux pour les fenêtres de toit et les volets, Ciat pour le génie climatique, Assa Abloy pour la sécurisation des accès ou encore le groupe Atlantic.

L’interopérabilité avec KNX filaire ou radio permet en théorie de rapprocher sur une même installation des produits répondant au standard KNX. C’est là une façon de pérenniser l’offre et de donner confiance au marché.

Le déploiement de l’Internet Protocole (IP) permettra demain d’aller encore plus loin en matière d’interopérabilité.

L’eau chaude n’est plus le parent pauvre

Il faut bien reconnaître que l’offre domotique, au départ presque exclusivement maîtrisée par les majors de la filière électrique, s’intéressait très peu à la gestion de la boucle d’eau chaude. Il y a peu de temps encore, seul le chauffage électrique avait sa place. À présent, l’offre évolue vers le pilotage des planchers chauffants et des radiateurs. Les solutions arrivent sur le marché. En témoigne Delta Dore qui, au-delà de gestionnaires d’énergie pour pilotage des radiateurs électriques par bus, fil pilote ou radio, se penche sur la boucle d’eau chaude : « Nous travaillons actuellement sur le pilotage des chaudières en lien avec la programmation horaire de zones sur plusieurs départs, explique Pierre-Yves Le Hir. Nous avançons aussi sur la question du pilotage des pompes à chaleur. »

Avec Smarthome sur protocole radio propriétaire Zwave, BEG permet de piloter des têtes de robinets thermostatiques standards M10 M8. L’installation s’effectue sans avoir à ouvrir la boucle d’eau et l’ensemble se paramètre directement sur le moniteur central.

L’offre Tebis de Hager, longtemps restée étrangère au chauffage sur boucle d’eau chaude, comble aussi son retard. Aujourd’hui, existent des têtes thermostatiques KNX filaires pour radiateurs ou départs de plancher chauffant, en lien avec un thermostat d’ambiance (mais pas avec l’interface numérique de pilotage Domovéa).

Avec InOne, Legrand se limite à une approche électrique du chauffage. En revanche, MyHome donne accès au pilotage de certaines PAC et à la gestion d’électrovannes (ouverture/fermeture) pour radiateurs ou plancher chauffant mince. Une solution de type vanne 3 voies devrait voir le jour mi-2012.

Entré récemment dans IO-Homecontrol, Ciat dispose aujourd’hui d’une pompe à chaleur capable de dialoguer sous le protocole radio du groupe et pourra être piloté via l’offre Tahoma de Somfy en 2012. L’année prochaine également, Somfy devrait lancer des thermostats communicants pour chauffage central et PAC. « Grâce à la convergence de la domotique, il y a beaucoup à faire en matière de combinaisons entre capteurs et actionneurs afin d’améliorer la performance du chauffage, précise Frédérique Finiti, responsable marketing de Somfy. Notamment pour anticiper les apports solaires gratuits. »

La domotique Crestron peut se connecter avec des systèmes de climatisation dotés de ports de communication. Quid des chaudières ? « Dans ce domaine, il n’y a pas encore beaucoup d’ouverture, regrette Jean-Philippe Hervé, directeur général. Nous régulons donc au niveau des émetteurs, mais pas des chaudières. »

Une porte pour les services

Somfy a posé une première pierre en matière de service en lançant pour un abonnement de 5,90 €/mois, la gestion et le pilotage à distance de son installation domotique via un serveur sécurisé. Depuis janvier 2011, Somfy compte déjà plus de 1 000 abonnés en France. La domotique représente un formidable catalyseur de services : mesures et gestion de l’énergie, assistance au maintien à domicile… La liste s’allonge régulièrement avec l’arrivée d’acteurs, tels les fournisseurs d’énergie mais aussi les fournisseurs d’accès Internet, profitant du couplage entre téléphonie, Web, capteurs, actionneurs et autres compteurs intelligents.